Les familles se retrouvent face à un "mur administratif opaque" pour faire scolariser leurs enfants handicapés et l'école leur offre un accueil "insatisfaisant", relève un rapport parlementaire rendu public le 28 novembre 2023. Elles doivent représenter chaque année les mêmes dossiers aux Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), qui les instruisent en "six à huit mois" en moyenne, indique la mission, qui recommande que les MDPH donnent des notifications pour l'ensemble du cycle scolaire, pour désengorger les listes d'attente.
2 ans pour avoir un ordi
La mise en oeuvre des accompagnements recommandés par les MDPH est imparfaite et varie selon les académies, certaines ne prenant pas en compte les besoins notifiés en cours d'année, selon cette mission d'information sur l'instruction des enfants handicapés des députés LR Alexandre Portier et Renaissance Servane Hugues, de la délégation aux droits des enfants. "Les familles attendent parfois un an ou deux pour avoir un ordinateur et quand il arrive, l'enfant n'a plus les mêmes besoins", a indiqué Alexandre Portier. Les conditions d'accueil à l'école ordinaire sont "insatisfaisantes", ajoute le rapport.
Point noir, la formation des pro
La formation des professionnels de l'Education nationale est "le grand point noir de l'école inclusive", note le rapporteur. Les AESH (accompagnants d'élèves en situation de handicap) sont ainsi formés après leur recrutement. "Dans certains départements, la formation était juste une clé USB donnée à l'AESH", note M. Portier. "Un enfant peut avoir jusqu'à huit AESH dans une même année. La solution est contre-productive ; elle n'aide pas l'enfant, elle accroît les obstacles", souligne-t-il. Le député recommande que "tous les enseignants" soient formés à l'école inclusive, y compris dans le second degré.
Combien de scolarisation intégrale ?
Depuis 2005, le nombre d'enfants handicapés scolarisés, dans le milieu ordinaire et spécialisé, a plus que doublé à 475 000 élèves. Mais les députés regrettent la difficulté à chiffrer combien d'entre eux ont une scolarisation intégrale. "Beaucoup ne font qu'une à deux heures par semaine" et on ne peut dire combien d'enfants handicapés ne sont pas scolarisés, selon les élus, qui regrettent un "pilotage défaillant sur le plan statistique" et "une absence d'évaluation des dispositifs existants". "De nombreux handicaps" ne trouvent pas leur place à l'école ordinaire, estiment les rapporteurs, soulignant que "de nombreux parents ont recours à l'instruction en famille".
Pour tenter de répondre à ces problématiques, les auteurs du rapport font 35 recommandations (à découvrir à la fin du document).