« Pour une rentrée pleinement inclusive en 2019 », promet le gouvernement le 11 juin 2019 ; « Non à une inclusion au rabais pour les élèves handicapés », riposte l'Unapei trois jours plus tard. Ce jour-là, le 14 juin, Edouard Philippe, Premier ministre, part à la rencontre des Français dans le Tarn. Le handicap est au cœur de cette rencontre puisqu'aux côtés de Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au handicap, il visite une unité d'enseignement élémentaire pour élèves autistes à Albi, gérée par l'Unapei. Les UEEA sont des classes d'établissements médico-éducatifs (IME) implantées dans une école ordinaire, organisées pratiquement sur le même modèle que les UEMA (Unités d'enseignement en maternelle pour enfants autistes) initiées trois ans auparavant. Avec l'appui de professionnels du médico-social, elles ont pour ambition de contribuer à la scolarisation de tous les enfants autistes et de favoriser, à terme, leur inclusion dans une classe ordinaire. Elles sont apparues à titre expérimental à la rentrée 2018 dans six villes françaises (Albi, Amiens, Dieppe, Sainte-Geneviève-des-Bois, Toulouse et Vaulx-en-Velin).
Un déploiement annoncé
Ce déplacement officiel vise à soutenir le déploiement effectif de la stratégie nationale pour l'autisme 2018-2022 au sein des troubles du neuro-développement. Lancée en avril 2018 (article en lien ci-dessous), elle prévoit la création à la rentrée 2019 de 30 UEMA et de 10 UEEA ainsi que le recrutement de 50 professeurs ressources spécifiquement formés aux besoins éducatifs particuliers des élèves autistes (50 supplémentaires en 2020), dans les départements où les besoins sont les plus élevés. « Mais, à ce jour, aucune information n'a encore été communiquée à ce sujet », constate l'Unapei qui, dans un communiqué, souligne « le manque d'investissement du gouvernement en faveur d'une école véritablement inclusive » et réclame une « transition concertée ». Saluant l'augmentation du nombre d'élèves handicapés à l'école ainsi que les récentes annonces du gouvernement (article en lien ci-dessous), l'association déplore malgré tout que l'école « peine à répondre aux besoins éducatifs de nombre d'entre eux » et « n'est pas prête pour accueillir les élèves handicapés intellectuels et cognitifs ». Selon elle, plus de ces 12 000 enfants seraient encore sans solution éducative, marginalisant les plus lourdement handicapés.
Plus de moyens !
Egalement sujet à critique, le financement prévu par la stratégie autisme qui, selon l'Unapei, est « sous doté », chiffres à l'appui : 100 000 euros pour une UEEA de 10 enfants ce qui représente 10 000 euros/an/enfant contre 270 000 euros pour les UEMA de 7 enfants soit près de 40 000 €/an/enfant. Davantage de moyens bien investis pour une option qui fonctionne ? La Stratégie nationale autisme 2018 avait dressé un bilan plutôt favorable des premières années des UEM (Unités d'enseignement autisme) : 54 % des enfants ont pu être scolarisés en école ordinaire, parfois avec une aide humaine, 19,5 % ont été orientés en ULIS et 35,7 % vers des établissements et services médico-sociaux. Lors de sa visite à Albi, le Premier ministre a déclaré qu'on « peut être à la fois extrêmement ému devant ce qui se fait et extrêmement humble devant ce qui reste à faire après l'école élémentaire ». « Mais, comme dirait l'autre, ça vaut sérieusement l'affaire », a-t-il ajouté, faisant allusion à sa rencontre avec la jeune Manon, élève dans cette école. Edouard Philippe assure avoir fixé des objectifs que le gouvernement « pense pouvoir atteindre » avec des « solutions pragmatiques et concrètes », avant de conclure : « On ne mollira pas ! ».