Edouard Philippe lève le voile sur le mystère de sa barbe blanche. Stress lié à la pandémie de Covid-19, appréhension à l'approche des élections municipales du Havre, épuisement, coquetterie, vieillissement... Ces quelques poils décolorés alimentaient, depuis plusieurs mois, bien des interrogations. En réalité, il s'agit d'un vitiligo. « C'est une maladie sans gravité, ni douloureuse, ni contagieuse », explique-t-il le 17 juin 2020 dans les colonnes de Paris Match. La raser, la teindre ? Que nenni ! Le Premier ministre préfère s'amuser de cette particularité faisant, au passage, un pied de nez à ceux qui le somment de la camoufler.
Maladie universelle
Cette pathologie de la peau se caractérise par l'apparition de taches blanches et dépigmentées de dimension et de localisation variables, qui tendent à s'agrandir de manière imprévisible. Elle résulte d'une disparition progressive des mélanocytes, les cellules responsables de la pigmentation de la peau. Les causes sont encore peu connues mais elle évolue par poussées, sous l'influence de différents facteurs comme le stress, un choc psychologique ou physique ou encore des frottements. Dans le monde, une personne sur 50 à 100 est concernée par cette maladie auto-immune, de tout sexe, toute population et tout âge. Le vitiligo est cependant plus fréquent dans l'enfance et apparaît, dans plus de la moitié des cas, entre 10 et 20 ans. A noter que les personnes qui souffrent d'une maladie auto-immune (hypo ou hyperthyroïdie, diabète de type 1...) ont un risque plus élevé que les autres de la développer.
Un atout mode unique ?
Si les lésions peuvent apparaître sur n'importe quelle partie du corps, il existe toutefois des zones de prédilection : pieds, coudes et genoux, dos des mains, organes génitaux, aisselles... Par ailleurs, elles sont photosensibles, c'est-à-dire très sensibles au soleil, et peuvent entraîner rougeurs et démangeaisons en cas d'exposition relativement modérée. Mis à part le « préjudice esthétique » éventuel, le vitiligo n'a pas d'effets indésirables sur la santé. Cette différence, certains ont décidé d'en faire un atout, à l'image de Winnie Harlow, 25 ans, l'un des mannequins les plus en vogue de la planète. A l'école, elle a d'abord subi les railleries, tantôt comparée à une vache, tantôt traitée de « zèbre »... « Un jour, j'ai réalisé que je me fichais de ce que les autres pensaient de moi. Quand un tel ou un tel ne me trouvait pas belle, c'est comme si je leur laissais décider de ce qu'était la beauté », expliquait-elle en 2019 dans l'émission « Sept à Huit », sur TF1. « Quand j'ai pris le pouvoir, que j'ai dit : 'Vous savez quoi ? Je me fous que vous me trouviez belle ou non, moi je me trouve belle', mon état d'esprit a changé. Cela doit venir de soi », exhorte-t-elle. Winnie Harlow ou le « body positivisme » par excellence ?