Il faut oser parler bien-être, beauté, respect de soi lorsqu'on est atteint de certaines pathologies cutanées ou de brûlures sévères, véritables handicaps intimes et sociaux. Se faire plaisir, prendre soin de sa peau, se maquiller, mettre en valeur ses atouts plutôt que de se focaliser sur ses défauts. Comme un baume passé sur des plaies profondes. Folliculites, eczéma, vitiligo, lupus... Des maladies rares, handicapantes, des plaies qui dévisagent.
Dermato-cosmétique, des résultats saisissants
L'association Solhand (Solidarité handicap autour des maladies rares) en a fait le thème de sa journée nationale en juin 2015. A cette occasion, elle avait convié Carine Larchet à prodiguer ses conseils en dermato-cosmétique (interview en lien ci-dessous). Maquilleuse au sein de l'association Aqualibre, elle redonne confiance et beauté aux personnes affectées par des problèmes sévères de peau. Photos à l'appui, le résultat est saisissant. Avant-après ! Les rougeurs ont disparues, les cicatrices se sont effacées et les brûlures se sont estompées grâce à des produits désormais adaptés.
Une association dédiée dans la Vienne
Longtemps, la dermatologie a « fait la gueule » aux cosmétiques. Dans les années 80, on voit apparaître des produits de synthèse de mauvaise qualité, particulièrement préjudiciables aux personnes avec des problèmes cutanés. Les dermatos ne se mouillent pas : « Ne vous maquillez pas et restez comme ça ! ». Alain Barthélemy, maquilleur de cinéma, choisit de se spécialiser dans ce domaine ; il consacre les dernières années de sa vie aux grands brûlés après une rencontre saisissante avec une femme. Il entend faire reconnaître leurs besoins et prône une prise en charge globale de la personne, pas seulement médicale mais aussi esthétique, indissociable du bien-être du patient. Mais, à l'époque, il n'existe pas de produits cosmétiques adaptés. Il décide donc de se rapprocher des laboratoires La-Roche-Posay, qui créent le premier correcteur hyper pigmenté qui n'oblige plus à en « mettre des couches ». Dans le même élan, l'association Aqualibre voit le jour en 1993 avec, pour mission, de pérenniser son travail. Elle est implantée au sein de la Société thermale de La-Roche-Posay, dans la Vienne, au bénéfice de ses curistes.
De nombreux ateliers pour les curistes
Cette association réunit une équipe de professionnels, et notamment médecins et psychologues, qui se disent soucieux d'une meilleure prise en compte du retentissement des pathologies cutanées sévères sur le psychisme et l'image de soi et prônent les bienfaits de la dermato-cosmétique, en complément des bienfaits physiques de l'eau thermale. Les ateliers de l'association Aqualibre (d'hydratation, de sophrologie ou de pommadage) se développent d'année en année ; récemment, des projets d'éducation thérapeutique et d'activité physique adaptée ont vu le jour. L'atelier « Santé des petits » propose un temps d'échanges avec les parents sur les problématiques liées à l'eczéma atopique.
Auto-maquillage, faire soi-même
La valeur sûre, ce sont les séances individuelles où l'on s'initie aux techniques d'auto-maquillage. Dans le pavillon Rose, face aux thermes, l'atelier de maquillage correcteur est un lieu unique où des professionnelles apprennent aux patients à camoufler leurs lésions grâce à des produits haute-tolérance. Une occasion, précieuse, de réinvestir sa féminité. Ces services sont accessibles gratuitement sous réserve d'adhésion à l'association : 15 € par adulte et 5 par enfant. Aqualibre poursuit son engagement en ouvrant des ateliers de maquillage correcteur dans les hôpitaux afin d'accompagner les patients durant leur traitement, par exemple à Necker (Paris) mais également à l'étranger.