Education : les AESH dans la rue, l'Etat attendu au tournant

Les accompagnants d'élèves en situation de handicap ont fait grève le 16 janvier 2025 partout en France, réclamant un statut et de meilleurs revenus. En réponse, la ministre de l'Education, Elisabeth Borne, a promis la création de 2 000 postes.

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une foule durant une manifestation

A Paris, entre 100 et 150 personnes se sont rassemblées dans le froid devant l'hôtel des Invalides le 16 janvier 2025. « On ne peut pas vivre avec 1000 euros », dénonce Biljana Petkovic, 53 ans, AESH à Maisons-Alfort, depuis 9 ans, syndiquée FO. Accompagner un enfant en situation de handicap, « ça demande de la concentration. On fait un peu de tout. Le garde du corps, la surveillance, la socialisation, le travail pédagogique dans la classe... », énumère Chaker Brahmi, AESH à Saint-Ouen depuis 2008, 53 ans également et syndiqué au FSU-SNUipp 93. « Si on manque d'attention une seconde, ça peut partir en conflit. Je me rappelle avoir suivi un enfant pendant 7 ans, c'était impossible de prendre une pause, même aller aux toilettes », décrit-il.

Quelles revendications ?

« On demande un statut de catégorie B », à savoir un statut intermédiaire dans la hiérarchie de la fonction publique, poursuit-il. A Toulouse, entre 150 et 200 AESH se sont réunis dans le centre-ville, pour dénoncer là aussi leur précarité. A Lille, quelques dizaines d'AESH ont également manifesté devant le rectorat, a constaté l'AFP. « Un vrai statut, un vrai salaire », pouvait-on lire sur une banderole. Les AESH sont devenus le deuxième métier de l'Education nationale, avec 78 816 agents (en équivalents temps plein) en 2023, en hausse de 90 % depuis 2013.

Une annonce sur Leboncoin

La colère gronde déjà depuis plusieurs années. Elle est montée d'un cran en février 2024 (AESH : à bout, des parents d'élèves recrutent sur Leboncoin). Une école bretonne défie la chronique en postant une annonce sur Leboncoin pour recruter deux AESH. Une provocation pour dénoncer la pénurie d'accompagnants dans toute la France. A l'époque, en Ile-et-Vilaine, 700 postes demeurent vacants. « On voit qu'il n'y a pas les moyens mis en place pour pouvoir combler l'ensemble des besoins et ce qui est dingue c'est de laisser les parents livrés à eux-mêmes », déplore alors Yoann Lesouef, parent d'élève.

Une table-ronde sur l'école inclusive au Sénat

La situation n'est pourtant pas inconnue des autorités. Alors que les AESH défilaient dans la rue un peu partout en France, une table ronde avait lieu au Sénat le 15 janvier 2025, à l'aune du 20ᵉ anniversaire de la loi du 11 février 2005 sur l'égalité des droits et des chances des personnes handicapées. Si en 20 ans d'école inclusive, des progrès ont été constatés par la Commission de la culture, de l'éducation, de la communication et du sport à l'origine de cette table-ronde – notamment la multiplication par quatre du nombre d'élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire entre 2006 et 2023 – de nombreux défis persistent.

Des obstacles à l'école inclusive identifiés

La Commission identifie des inégalités territoriales, certaines zones rencontrant plus de difficultés que d'autres dans la mise en œuvre de l'école inclusive ; un manque de formation des enseignants sur le sujet ; des ressources insuffisantes « en termes de personnel et de moyens matériels adaptés », « entravant une inclusion effective ». Pour ce faire, elle recommande « une meilleure coordination entre l'Education nationale, les collectivités territoriales et les associations », ainsi que « la mise en place de comités de suivi » pour « garantir l'application effective des lois et adapter les dispositifs en fonction des retours du terrain ».

Que dit le gouvernement ?

De son côté, le Premier ministre François Bayrou s'est dit « prêt à renoncer » à la suppression envisagée par son prédécesseur de 4000 postes dans l'Education nationale, une des demandes formulées par les socialistes dans les discussions visant à éviter une censure. En parallèle, la ministre de l'Education Elisabeth Borne a promis la création de « 2 000 postes d'AESH pour poursuivre la dynamique de l'école inclusive », dans un entretien au Parisien paru le 15 janvier 2025. Elle a également précisé avoir « mené plusieurs actions pour leur proposer un CDI, un temps plein ou pour les revaloriser de plus de 10 % », ajoutant mettre « ce sujet à l'agenda social ».

© Mihajlo Maricic de Getty Images Pro sur Canva

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