A un an de l'élection présidentielle, alors que la campagne est déjà lancée, certaines associations de personnes handicapées entendent battre le fer tant qu'il est encore… frais ! C'est le cas d'APF France handicap. Des élections, elle en a vu passer. OUI à l'accessibilité des bureaux de vote, OUI à celle des campagnes, OUI à celle de la société. Un gros OUI à tout, en fait, l'ère électorale étant toujours faste en promesses. Mais dans la vraie vie ? Alors, sans langue de bois à l'heure où tant vont se déployer, elle questionne : « Election présidentielle : 20 millions d'exclus ? », 12 millions de personnes en situation de handicap et 8 millions de proches. D'autant que, depuis 2019, les personnes majeures sous tutelle ne peuvent plus être empêchées de voter (article en lien ci-dessous) ; ce sera donc les premières présidentielles pour 300 000 d'entre elles.
Un sujet en marge ?
Certains candidats commencent à se positionner, les régionales de juin 2021 offrant l'occasion aux partis d'entrer dans le vif du sujet. Rappelons que Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap, était en lice sur la liste de la majorité présidentielle en Provence-Alpes-Côte d'Azur mais, le 13 mai, a annoncé se retirer pour ne pas entraver la liste LR face au Rassemblement national (article en lien ci-dessous). La période étant propice, on parle beaucoup de sécurité, d'immigration, d'emploi et un peu d'environnement tout de même. Mais qu'en est-il du handicap ? « La crise sanitaire et économique actuelle aurait-elle rendu (les personnes handicapées) à ce point encore plus invisibles ? », interroge l'association qui rappelle que, depuis 2017, le handicap arrive en tête des motifs de discrimination selon le baromètre du Défenseur des droits (article en lien ci-dessous). Elle déplore que « ce phénomène ne soit (pas) pris en considération » et demande donc « instamment aux candidats de prendre en compte le handicap dans leurs communications publiques et leur programme ». Marre d'être considérés comme des citoyens de « seconde zone », ajoute-t-elle.
Des priorités et mesures essentielles
Pour les aider, des fois qu'ils manqueraient d'idées, APF France handicap publie le 10 mai 2021, un « Mémento de mesures essentielles ». Au total, elle liste cinq principes incontournables pour la participation de toutes et tous (parmi eux : le droit à l'auto-détermination, le pouvoir d'agir et de choisir, la valorisation de leur expertise…), assortis de huit « priorités pour une refondation sociétale » (des territoires plus inclusifs, une éducation émancipatrice, de nouvelles formes d'apprentissage, de nouveaux modèles de protection sociale ou encore un système de santé accessible…). A cela s'ajoutent dix mesures essentielles, que les associations de personnes handicapées revendiquent sans relâche depuis des années. En complément, APF France handicap lance une collection de notes politiques thématiques #AEgalité pour alimenter les débats et les propositions tout au long de la campagne. Les deux premières, déjà disponibles, portent sur l'accessibilité et la jeunesse. D'autres à venir dans les prochaines semaines (santé, éducation et ressources)…
Une campagne plus inclusive ?
En attendant, cette campagne 2021/2022 a collecté un bon point. En effet, depuis le 29 mars 2021, il est écrit dans la loi : « Les candidats veillent à l'accessibilité de leurs moyens de propagande électorale aux personnes en situation de handicap, en tenant compte des différentes formes de handicap et de la diversité des supports de communication ». Le texte est néanmoins jugé trop « light » par certains, notamment le président du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), Jérémie Boroy, qui n'hésite pas à recommander des « contraintes » financières si ces mesures ne sont pas respectées (article en lien ci-dessous). Sur la forme, une propagande inclusive, c'est déjà un premier pas. Sur le fond, une société plus inclusive, c'est bien là tout le débat. Aux armes, candidats ?