Elections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet 2024. Quelle place, notamment pour le handicap, dans les professions de foi des candidats ? Le Collectif handicaps a fait le job en examinant les programmes des principaux partis politiques : Nouveau Front populaire (gauche), Rassemblement national, Ensemble pour la République (majorité actuelle) et Les Républicains. En une quinzaines de pages, douze thèmes sont analysés, qui impactent le quotidien des personnes handicapées : handicap, ressources et précarité, emploi, retraites, services publics, santé, éducation, logement, discrimination, droits des femmes, démocratie et fiscalité. Les précédentes positions de chacun, notamment lors de la présidentielle et des législatives de 2022, sont également rappelées.
Des exemples ?
Dans de nombreuses rubriques, il est écrit : « Pas de mesures propres ou spécifiques ». Mais quelques engagements tout de même, à titre d'exemples...
• Le Nouveau Front populaire propose de « porter l'AAH au niveau du SMIC », lui-même augmenté à 1 600 euros net.
• Ensemble pour la République maintient son projet en cours de « remboursement intégral des fauteuils roulants ».
• Le RN promet de « renforcer le soutien aux proches aidants » mais aussi de « réserver les aides sociales aux personnes de nationalité française ou qui ont travaillé au moins cinq ans en France ».
• LR entend « mettre de l'ordre dans les comptes publics et corriger les dérives du modèle social et lutter contre les « profiteurs du système ».
Des promesses dans les grandes largeurs, sur le papier, et après, seront-elles vraiment suivies d'effet ? « Les choix politiques à venir détermineront les conditions de vie de millions de citoyennes et citoyens en situation de handicap », insiste d'une même voix la cinquantaine d'associations qui composent ce collectif.
Des « discours incompatibles avec le vivre ensemble »
« Ces élections cruciales, marquées par un contexte politique tendu, peuvent entraîner une modification radicale de politique, qui pourrait dès lors reposer sur des discours incompatibles avec le vivre ensemble, le maintien de la cohésion sociale, le respect des personnes dans toute leur singularité », fait valoir le Collectif handicaps. Depuis le coup de tonnerre de la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron, de nombreuses associations du champ du handicap et du social se sont exprimées pour tirer le signal d'alarme face aux « extrêmes » (Législatives 2024 : le handicap tente de se faire entendre!). Pourtant, c'est systématiquement la « droite » qui est ciblée par le milieu associatif, malgré près de 40 % d'intentions de vote selon les sondages (cumul des partis).
Mobilisation des asso
C'est notamment le cas d'APF France handicap qui, face à un « risque de gravité exceptionnelle », pointe explicitement le Rassemblement national dont les « thèses, en totale contradiction avec la Constitution française et les traités internationaux, mettent en danger de nombreuses valeurs ». De son côté, le bureau de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) décide, pour une fois, de « sortir de sa réserve » pour « lancer un appel solennel à faire barrage aux candidats de l'extrême droite ». L'Apajh « appelle à un véritable sursaut citoyen pour défendre les droits des personnes en situation de handicap ». Quant à l'Unapei, elle dénonce un « contexte politique qui met en péril l'humanisme, la solidarité et la fraternité ». Le Collectif handicaps, lui, « au nom de la solidarité », « encourage un vote éclairé ».
© Emmanuelle Dal'Secco