Eléonore Laloux entre une nouvelle fois dans l'histoire ! Le 15 octobre 2021, la conseillère municipale déléguée à la « Transition inclusive et au bonheur » de la ville d'Arras -c'est son titre officiel-, la première avec une trisomie 21, est sacrée chevalier de l'Ordre national du mérite (ONM). Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap, lui a remis cette distinction honorifique au sein de l'Hôtel de ville. « Elle fait partie de la promotion 2020 mais la remise des médailles a été retardée à cause de la crise sanitaire », précise le cabinet de la ministre. Une « bien belle surprise » à laquelle la jeune femme de 36 ans ne « s'attendait pas du tout ».
10 propositions pour favoriser l'inclusion
Pour Sophie Cluzel, c'était pourtant « une évidence ». « J'ai proposé Eléonore car elle a valeur d'exemplarité. Première conseillère municipale avec une trisomie 21, elle milite pour l'accès à la citoyenneté pour tous. Elle a proposé un programme de bon sens pour l'amélioration du quotidien », explique-t-elle. Depuis son élection dans le Pas-de-Calais le 15 mars 2020 (article en lien ci-dessous), Eléonore, accompagnée d'un chargé de mission, a formulé dix propositions, dont la création de feux de signalisation avec décompte et de 40 plaques de rue accessibles d'ici juin 2022. Placées à 1m20 de hauteur elles permettront, à l'aide de trois QR codes, de faciliter la compréhension du lieu, grâce à des vidéos et autres animations expliquant l'histoire de la rue. Sophie Cluzel profitera de sa visite à Arras pour inaugurer cette signalétique inclusive. Eléonore a également proposé la création d'un « incluthon », un événement qui a pour ambition de rassembler personnes en situation de handicap et « valides » autour d'activités sportives et culturelles. « Ce sera une grande fête de l'inclusion ! », se félicite la jeune élue, ravie de voir que sa parole est entendue. Engagée, en parallèle, depuis des années dans l'association Down up créée par ses parents afin de favoriser l'insertion sociale et professionnelle des personnes avec un handicap mental, « elle répond à tous les critères », selon Sophie Cluzel.
L'Ordre national du mérite, quèsaco ?
L'ONM, second ordre national après la Légion d'honneur, a en effet une triple vocation : traduire le dynamisme de la société, donner valeur d'exemple et reconnaître la diversité. Pour y prétendre, il faut avoir rendu des « services distingués » dans l'exercice, durant au moins dix ans, d'une fonction publique, civile ou militaire ou d'une activité privée. « Autrement dit, des actes de dévouement, de bravoure, de générosité, de réels mérites ou un engagement mesurable au service des autres ou de la France, ne présentant pas encore les qualifications suffisantes pour accéder à la Légion d'honneur », précise l'Ordre qui compte aujourd'hui 185 000 membres. En 50 ans, 306 000 personnes ont ainsi été promues, la moitié sont des femmes, la parité étant appliquée pour les promotions civiles.
D'autres pionniers distingués
Un hommage qui fait écho à deux autres pionniers. En 2015, à 36 ans, Cédric Mametz, alors président de Nous aussi, une association de personnes avec un handicap mental autoreprésentées, recevait cette même distinction (article en lien ci-dessous). Une première pour une personne avec une déficience intellectuelle. En 2014, Jean-Pierre Crépieux, l'un des cofondateurs de L'Arche qui accueille et accompagne des personnes handicapées mentales à travers le Monde, était, quant à lui, décoré de la Légion d'honneur par François Hollande, devenant la première personne avec un handicap mental à recevoir ce titre suprême (article en lien ci-dessous).
Photo : Twitter Frédéric Leturque, maire d'Arras