2020, crise sanitaire sans précédent. Si toute la sphère du travail s'en trouve chamboulée, quel impact a-t-elle eu sur l'emploi des fonctionnaires en situation de handicap ? Le 28 septembre 2021, le Fiphfp (Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique) dresse son bilan.
Des effets délétères à plus long terme ?
Le nombre d'agents publics en situation de handicap est resté stable en 2020 malgré la pandémie de Covid-19. « Elle n'a pas eu d'impact global négatif sur l'emploi », a commenté lors d'une conférence de presse Marc Desjardins, directeur du Fonds, même s'il reconnait qu'on est « plutôt sur des troubles insidieux, d'ordre psychique, qui peuvent mettre en difficulté salariés et employeurs ». « Les effets délétères se feront ressentir à plus long terme », admet-il. « Il y aura peut-être aussi des conséquences sur le handicap physique », ajoute Jacques Zeitoun, vice-président du Fonds, citant le cas de personnes qui ont dû différer leur suivi en kiné durant le confinement, « ce qui a provoqué une perte de chance pour certains ». Il reconnait que cet impact est « difficilement chiffrable » mais admet qu'à titre perso, il a eu « du mal à rependre sa routine ».
Taux d'emploi en légère hausse
Le taux d'emploi direct de personnes en situation de handicap s'établit en 2020 à 5,58 %, contre 5,52 % en 2019 -le taux global, qui intègre également la sous-traitance au secteur protégé (Esat…), s'élevant à 5,83 %-. Une progression très légère, certes, mais qui montre sa résistance face à la crise. Rappelons que la loi fixe aux employeurs publics d'au moins vingt agents une obligation d'emploi de 6 % de personnes handicapées. A titre de comparaison, le secteur privé (piloté par l'Agefiph) n'arrive pas à dépasser la barre des 4 % (3,8 %). « Les administrations sont très en avance par rapport au secteur privé », a insisté Marc Desjardins.
En 2020, 32 229 recrutements ont été réalisés ainsi que 14 026 maintiens dans l'emploi. Au total, sur 5,6 millions d'agents, les trois fonctions publiques emploient 261 318 personnes en situation de handicap, soit 3 000 de plus qu'en 2019. Mais toutes ne sont pas logées à la même enseigne. La « territoriale » fait figure, comme toujours, de bon élève, avec un taux de 6,70 %, suivie par l'hospitalière (5,54 %). A la traîne, la fonction « publique d'Etat » ferme la marche avec 4,67 %, pénalisée par les mauvais scores de l'Education nationale qui peine à recruter des agents, surtout des enseignants, le plus souvent « très qualifiés », selon le Fiphfp.
Un budget à l'équilibre
Pour faire fonctionner le Fonds, 106 millions d'euros émanent des entreprises contributrices qui ne respectent pas leur obligation d'emploi, soit 3 700 sur les 126 000 du secteur. En 2020, les dépenses s'élèvent à 95 millions d'euros, principalement vouées à l'aide à l'apprentissage, aux aménagements de poste de travail et aux prothèses auditives. Le Fiphfp présente donc un budget « à l'équilibre », constat « rassurant » alors que la raréfaction des contributions fait, depuis quelques années, peser une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. 5,7 millions d'euros ont été consacrés à l'apprentissage, considéré comme une « dépense phare » avec 1 216 apprentis (rappelons-le sans limite d'âge en cas de handicap) soutenus via 6 millions d'euros. A l'occasion de ses 15 ans, le Fiphfp a choisi de faire un grand tour de France de l'apprentissage, l'occasion de rencontrer les partenaires sur le terrain.
La tendance depuis la création du Fiphfp en 2006 est à une augmentation régulière de l'emploi des personnes en situation de handicap dans la fonction publique ; pour rappel, le taux était de 3,55 % à l'origine. « Un certain nombre d'entre elles vont bientôt partir à la retraite », avertit cependant Marc Desjardins. Avec 32 % d'agents handicapés de plus de 56 ans en 2020 (contre seulement 13 % en 2009), un « renouvellement » des effectifs est impératif sous peine de voir le taux d'emploi direct baisser, souligne-t-il.