Créer son entreprise : mode d'emploi pour les jeunes handi

Tout le monde peut créer son entreprise ! C'est le message que souhaitent faire passer les différents acteurs de l'emploi en accompagnant les jeunes handicapés dans leur projet. Comment s'y prendre ?

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A la question : « Est-ce trop risqué de créer son entreprise lorsque l'on est handicapé ? », Didier Roche, fondateur de H'up, association qui réunit des entrepreneurs en situation de handicap, répond : « C'est prendre le risque de réussir ! Sinon, il y a la routine et, à ce qu'il parait, elle est mortelle... Moi, je suis 'risquophile' ! ». De nombreux jeunes en situation de handicap n'osent pas se lancer par peur d'échouer, bien souvent parce qu'ils se laissent convaincre par leur entourage. A tort ! Plusieurs organismes peuvent accompagner ces ambitieux.

Forum « EnTHreprendre & handicap »

Afin de leur donner les pleins pouvoirs pour entreprendre, Handiréseau et le CIDJ (Centre d'information et de documentation jeunesse) ont organisé le forum « EnTHreprendre et Handicap ». La seconde édition, du 5 au 9 novembre 2018, a embarqué les jeunes pour une semaine à la découverte de la création d'entreprise. Au programme : témoignages d'entrepreneurs, speed meeting, conseils pour financer et gérer son activité, jeux d'initiation à la création d'entreprise... « La création d'une entreprise est une voie d'insertion professionnelle pour les jeunes en situation de handicap, assure Pierre Deniziot, délégué de la région Ile-de-France, en charge du handicap et président d'honneur du forum. Toute initiative est pertinente dans la lutte contre un chômage deux fois supérieur à la moyenne. » Dominique du Patty, fondatrice d'Handiréseau, rebondit : « L'entrepreneuriat n'est pas réservé à une catégorie de personnes ni à un territoire, il est ouvert à tous. ». Le message semble être passé puisque le nombre d'inscrits au forum est passé de 120 en 2017 à 150 cette année. « On ne pensait pas rencontrer un tel succès », se réjouit Dominique du Patty. Une graine qui commence donc à germer...

Intervenir dans les écoles

En parlant de graine... Xavier Doublet, travailleur indépendant handicapé (TIH), pense que, pour faire évoluer les mentalités, il faut prendre le « mal » à la racine. Il intervient dans les classes pour « planter des graines dans les écoles comme les Ulis (ndlr : unités localisées pour l'inclusion scolaire), expliquer qu'il existe plusieurs voies d'insertion professionnelle, casser les idées reçues sur l'entrepreneuriat. Pour beaucoup, ça signifie rouler en Porsche, donner des ordres et avoir les poches pleines de dollars ! ». Son intervention remet les pendules à l'heure et fait prendre conscience que tous ont les mêmes capacités. « Nous expliquons à la classe que les jeunes en situation de handicap sont aussi en potentialité d'entreprendre, cette déclaration change le regard de leurs camarades, de leurs profs et de leur entourage. »

L'aide de Pôle et Cap emploi

Plus tard, ces graines d'entrepreneurs pourront s'appuyer sur différentes structures pour mener leur projet à bien. Pôle emploi propose, notamment, l'aide à la reprise ou à la création d'entreprise (ARCE), pour permettre au jeune « de constituer un capital et de se garantir un minimum de revenus au cours des premiers mois qui suivent la création ou la reprise de l'entreprise. » D'après leurs statistiques, 11 % des personnes handicapées transforment leur idée en véritable projet. « C'est deux fois moins que les valides, constate Hubert de Vaublanc, directeur des partenariats de la région Ile-de-France. Est-ce lié à leur handicap, à des problèmes de santé, aux difficultés administratives ? » Sans doute un peu des trois... Par ailleurs, les agences Pôle emploi sont équipées du dispositif ADEDA (accueil des demandeurs d'emploi déficients auditifs) et projettent de mettre en place des affichages en langage FALC (facile à lire et à comprendre), notamment pour les personnes avec troubles « dys ». Ils peuvent également diriger les demandeurs d'emploi handicapés vers Cap emploi, pour un appui spécifique. Sa mission : informer, conseiller, accompagner. Le plus : un service de proximité. En effet, le réseau Cap emploi est présent sur tout le territoire. « La vie professionnelle enrichit le savoir-faire et le savoir-être, tout le monde devrait y avoir accès », explique Anne-Cécile Richard, sa directrice opérationnelle.

D'autres organismes de soutien

Le Comité national coordination action handicap (CCAH) encourage, lui aussi, les jeunes à se lancer dans l'entrepreneuriat. Partant du constat qu'ils sont de plus en plus nombreux à opter pour cette solution, au vu des difficultés à intégrer une entreprise ordinaire, le CCAH a mené une étude pour identifier les leviers et les freins dans ce domaine. Ses conclusions et conseils sont regroupés dans le huitième exemplaire du Cahier du CCAH consacré à l'entrepreneuriat paru en septembre 2018. Les associations BGE ADIL et H'up entrepreneurs accompagnent également les jeunes dans leur projet. Pauline Arnaud-Blanchard, directrice générale de H'up, estime que, pour « rompre l'isolement du créateur d'entreprise », il faut expliquer qu'il y a « mille façons de construire un projet et de monter une équipe ; le salariat n'est pas la seule solution, il y a également la cogérance par exemple. Nous devons simplement vous aider à identifier celle qui vous ressemble. » Grâce au soutien d'H'up, Lucas Akli Pasquet, dyslexique, a fondé Digital Inclusif, une start-up spécialisée dans les solutions de « performance et d'inclusion pour les personnes exposées aux troubles de la lecture ». Il propose, notamment, des applications d'aide dédiées. Un exemple parmi 500 autres accompagnées depuis la création de l'association...

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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