Etude:dis-moi ce que tu manges, je te dirai si tu es autiste

Si l'hypersensibilité culinaire des personnes autistes est un symptôme récurrent, pourquoi ne pas s'en servir pour établir un diagnostic précoce?C'est la théorie avancée par une nouvelle étude qui a analysé les habitudes alimentaires de 2000 enfants.

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Et si décortiquer l'assiette d'un enfant était le meilleur moyen de savoir s'il est porteur d'autisme ? C'est la thèse avancée par Susan Dickerson Mayes, professeure de psychiatrie au Penn state college of medicine (Etats-Unis). Après avoir analysé 1 462 enfants autistes âgés de 1 à 18 ans, 313 « neurotypiques » et 327 ayant d'autres types de handicap (intellectuel, troubles du langage...), elle a constaté que 70 % des jeunes porteurs de ce trouble avaient des comportements alimentaires « atypiques ». Un ratio 15 fois plus important que celui des enfants « valides ».

Nuggets et céréales au menu

Ces comportements se traduisent essentiellement par des préférences alimentaires limitées, pour 88 % d'entre eux, et une hypersensibilité aux textures (46 %). D'autres habitudes spécifiques sont évoquées dans l'étude, comme le fait de consommer des aliments d'une seule marque, couleur ou forme, ou de les conserver longtemps dans la bouche avant de les avaler. Selon la chercheuse, les jeunes autistes seraient particulièrement friands de produits céréaliers et de nuggets de poulet. Elle souligne, par ailleurs, que 25 % des enfants qui ont des comportements alimentaires atypiques en totalisent au moins trois. Autre particularité : ils sont les seuls à ingérer des substances non comestibles (terre, sable, papier, craie, etc.), symptôme majeur de la maladie Pica. En cas de doutes liés à ces habitudes spécifiques, la chercheuse recommande aux parents de consulter un spécialiste et alerte les professionnels de santé sur la « nécessité de procéder à une évaluation de l'autisme afin de faciliter l'identification précoce » et d'accéder à une prise en charge adaptée.

Intellectualisation des aliments ?

Mais attention à ne pas confondre préférences alimentaires et dégoûts. Il est de coutume de présenter un aliment sept à dix fois à un enfant avant qu'il ne l'apprécie. Par ailleurs, même ceux perçus comme « difficiles » concernant la nourriture testent de nouveaux aliments à mesure qu'ils grandissent, contrairement aux jeunes « neuroatypiques » qui restent très sélectifs au fil du temps. Ses aversions et autres spécificités alimentaires sont récurrentes chez les personnes autistes et poussent des cuisiniers à écrire des livres de recettes pour ces gourmets au palais délicat (article en lien ci-dessous). Le philosophe Josef Schovanec, autiste Asperger, expliquait par exemple, lors d'une émission diffusée en début d'année sur TF1, son écœurement à l'égard des macarons (article en lien ci-dessous). « C'est une arnaque, ces gourmandises sont fondamentalement malhonnêtes. Le biscuit a la couleur jaune et veut se faire passer pour un citron mais n'en a pas le goût. » Son macaron idéal ? « Synchronisé entre le biscuit et le cœur et ne cache pas son goût réel ».
Il y a quelques semaines, des chercheurs canadiens ont publié une étude sur l'analyse du regard pour déceler l'autisme infantile. Force est de constater qu'Outre-Atlantique, les recherches sur ce trouble vont bon train ! Bientôt une découverte française ? Avec la création de trois centres d'excellence dédiés (articles en lien ci-dessous), rien n'est moins sûr...

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