« Les cancers sont des maladies génétiques de la cellule », explique l'Institut Imagine. En effet, ils se développent à la suite d'une accumulation d'erreurs dans le matériel génétique d'une cellule somatique, c'est-à-dire toutes celles qui composent le corps humain excepté les cellules reproductrices, également appelées germinales. Résultat : des dérèglements des fonctions cellulaires majeures. Les cellules se multiplient, échappent à tout contrôle et mettent en péril l'organisme. « Il existe de nombreux liens entre l'étude des maladies génétiques souvent rares, survenant la plupart du temps chez de jeunes enfants, et les cancers », poursuit ce centre européen de recherche spécialisé dans les maladies génétiques. A l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le cancer du 4 février 2021, focus sur cinq recherches prometteuses à la croisée des maladies génétiques et des cancers.
L'étude des cellules sanguines
Olivier Hermine et son équipe sont spécialisés dans les maladies hématologiques comme les mastocytoses, causées par l'accumulation d'un type de cellules sanguines, les mastocytes, dans divers tissus, et pouvant déboucher sur une forme maligne, mais aussi d'autres cancers du sang. Le point commun de ces recherches ? L'étude des mécanismes de production des différentes cellules du sang. « La moindre défaillance dans ce système peut conduire à la production d'une cellule pathologique », explique le chercheur qui a notamment contribué à identifier la mutation à l'origine des mastocytoses favorisant la « cancérisation » des cellules. Il développe actuellement un anticorps dans le but de traiter les patients avec des maladies prolifératives comme les leucémies, mais aussi d'autres cancers ayant besoin de fer pour survivre.
ADN et gènes altérés
De son côté, l'équipe de Sylvain Latour planche sur les mécanismes et la physiopathologie (étude des dérèglements du mode de fonctionnement normal du corps humain) liés à un défaut des mécanismes lors de la réponse immunitaire à l'infection par le virus Epstein Barr (VEB). Jean-Pierre de Villartay et Patrick Revy s'intéressent, quant à eux, à la réparation des lésions survenant dans le matériel génétique. L'équipe s'attache à comprendre les conséquences des défauts de réparation de l'ADN dans les pathologies humaines, liées notamment au système immuno-hématologique mais aussi à certains cancers rares de l'enfant. L'équipe des Pr Jeanne Amiel et Stanislas Lyonnet étudie depuis une dizaine d'années le cas d'enfants atteints de malformations multiples non diagnostiquées, affectant le système nerveux du tube digestif, le développement du cerveau, du cœur et du squelette. Ils ont notamment découvert que des gènes impliqués dans des cancers de l'adulte par des mutations somatiques dans les tissus, peuvent être, chez l'enfant, par d'autres mutations et d'autres mécanismes, impliqués dans des malformations congénitales.
La maladie cœliaque, un lymphome en devenir ?
Enfin, la maladie cœliaque -une pathologie intestinale chronique et auto-immune qui se manifeste principalement par une intolérance au gluten- est au cœur des recherches de Nadine Cerf-Bensussan, spécialiste des liens entre système immunitaire et intestin, depuis de nombreuses années. « Dès lors que la coopération entre les cellules qui tapissent la paroi de l'intestin et celles du système immunitaire se détériore, le risque d'inflammation ou de tout autre dommage est conséquent, comme l'illustre la maladie cœliaque », explique l'Institut Imagine. Chez environ 0,5 % de ces patients, les lésions intestinales ne guérissent pas malgré un régime sans gluten strict. Pour la moitié d'entre eux, cette résistance révèle un lymphome qui évolue d'abord à bas bruit avant de déboucher potentiellement sur une forme invasive.
Un 4e plan pour renforcer la lutte contre le cancer
Afin de renforcer la lutte contre le cancer, Emmanuel Macron présente, le 4 février 2021, la nouvelle stratégie nationale décennale dédiée, dans une vidéo diffusée à 10 heures lors des Rencontres 2021 de l'Institut national du cancer. Objectif de ce 4e plan ? Faire progresser la prévention et l'accompagnement dans le parcours de soins du patient. « Le développement majeur de la recherche et des innovations thérapeutiques doit bénéficier à tous », plaide l'Elysée dans un communiqué.
Certains cancers peuvent être évités !
Selon Santé Publique France, cette pathologie aurait tué 157 000 Français en 2018, dont 57 % d'hommes principalement touchés par le cancer du poumon, colorectal et de la prostate. Note positive tout de même : le taux de mortalité, pour les deux sexes, est en chute ces dernières années. Et il pourrait encore baisser grâce, entre autres, à une meilleure hygiène de vie... Selon l'organisme public, « en 2015, environ 41 % des cancers chez les plus de 30 ans étaient attribuables à des facteurs de risque modifiables comme le tabagisme, la consommation d'alcool, l'alimentation, le surpoids et l'obésité, certains agents infectieux ou expositions professionnelles, l'exposition aux ultraviolets naturels et artificiels… »