Auparavant, ils n'étaient qu'une poignée. Les étudiants handicapés ont longtemps été écartés des bancs des universités et autres grandes écoles. Des établissements inaccessibles, des programmes non adaptés, un manque de mobilisation en interne, un cursus scolaire ne permettant pas de franchir les étapes... Les études supérieures n'étaient pas envisageables pour nombre d'entre eux. Mais ça, c'était avant ? La Conférence des grandes écoles (CGE) l'affirme en publiant les résultats de son premier baromètre sur la formation des étudiants en situation de handicap. Des actions commencent manifestement à être déployées…
Une politique d'intégration
La CGE regroupe 226 établissements d'enseignement supérieur et de recherche, tenus de respecter certains principes : excellence, insertion professionnelle, ouverture internationale, etc., auxquels peuvent désormais s'ajouter l'inclusion des jeunes handicapés. En effet, sur les 116 écoles interrogées, 87,5% affirment mener des actions de sensibilisation auprès de leurs étudiants. Le bilan reste sévère puisque, à ce jour, seuls 1,08 % des inscrits sont en situation de handicap. Ce chiffre passe à 1,22 % pour les formations en alternance, une preuve que cette voie peut s'avérer plus adaptée en cas de handicap (article en lien ci-dessous). Les établissements semblent avoir fait de gros efforts en termes d'accessibilité puisque 97,5% d'entre eux se disent partiellement voire totalement accessibles aux personnes à mobilité réduite.
Des aménagements adaptés
Au-delà du handicap moteur, les élèves ont principalement des troubles du langage et de la parole (notamment dys), des maladies psychiques ou encore viscérales (maladies cardiaques, respiratoires) ou des déficiences visuelles. Les établissements prennent également en compte les besoins des étudiants atteints de troubles auditifs, cognitifs ou encore du spectre autistique. Pour favoriser leur inclusion, plusieurs types d'aménagements sont proposés : temps majoré, aide pédagogique et tutorat, mise à disposition de salles et de matériel adapté (plage braille, ordinateur), autorisation de sortie, interprétariat notamment en langue des signes françaises (LSF). Des dispositifs qui ont un impact direct sur la longévité de leur cursus scolaire. En effet, avec 18,13 % en 1ère année et 17,05 % en master 2, la proportion des étudiants en situation de handicap reste stable tout au long de leurs études. Une fois qu'ils se sentent bien dans une école, ils souhaitent y rester.
Des entreprises mobilisées
La CGE a noué des partenariats avec plusieurs entreprises pour favoriser l'employabilité de l'ensemble de ses étudiants. « Ce sont les compétences relationnelles et intellectuelles des candidats accueillis que nous retenons principalement. Les aider à réussir nous offre une satisfaction porteuse de sens », assure Maryse Aïo, responsable mission handicap de la Mutualité sociale agricole (MSA). De son côté, « la mission handicap de La banque postale se mobilise à tous les niveaux, affirme Inès Marques, responsable de la diversité, du handicap et des engagements citoyens. Elle s'est associée à une business school avec, à la clé, des résultats concrets, pour former les managers de demain, octroyer des bourses d'étude, contribuer à l'accessibilité au savoir pour tous et faciliter l'intégration professionnelle des personnes handicapées. » Une mission qui se poursuit donc après l'école...
Des écoles modèles ?
Les données de ce baromètre permettent de dresser le constat suivant : « En situation de handicap ou non, les jeunes sont proportionnellement autant à opter pour des études sélectives, analyse la CGE. Aujourd'hui, ils ont, tous, pleinement le choix de leurs parcours. » D'autres établissements, comme l'Institut polytechnique UniLaSalle, ont la même ambition. Xavier Quernin, chargé de mission handicap au sein de cette école d'ingénieurs en sciences de la terre et de l'environnement, déclarait, en septembre 2018 (article en lien ci-dessous), à propos des CGE : « Ce que l'on observe, c'est un nombre croissant de candidats, et donc d'étudiants handicapés, dans ces écoles. Pour certaines, nous en sommes à la prise de conscience, pour d'autres, il y a un engagement réel des référents handicap. Nous nous donnons des conseils, échangeons nos bonnes pratiques. Il y a une belle dynamique globale qui porte vraiment ses fruits… ». Il expliquait également qu'une « deuxième charte handicap devrait être signée d'ici fin 2018 dans le cadre de la Conférence des grandes écoles, avec des axes nouveaux sur l'international, l'accueil des sportifs de haut-niveau et la vie étudiante. ». De nombreux défis restent encore à relever mais des actions comme celles-ci sont nécessaires pour encourager les jeunes handicapés à s'aventurer sur le chemin, souvent sinueux, de l'emploi.
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