Une chevelure noire de jais surmontée d'une coiffe fleurie, un monosourcil identifiable entre tous et la bouche peinte en rouge. Pas de doute, il s'agit bien de Frida Kahlo. Mais qui se cache derrière cette icône au style pictural unique ? L'exposition « Frida Kahlo, au-delà des apparences », qui se tient du 15 septembre 2022 au 15 mars 2023 au Palais Galliera, à Paris (lien ci-dessous), apporte plusieurs éléments de réponse. En collaboration avec le Museo Frida Kahlo (Mexique), l'exposition rassemble plus de 200 objets uniques qui ont appartenu à l'artiste mexicaine. Une précieuse collection, comprenant des robes traditionnelles, des bijoux, des cosmétiques mais aussi des médicaments ou encore des prothèses médicales, qui traduisent l'existence contrastée et douloureuse de la peintre.
Un accident de bus qui bouleverse sa vie
Née en 1907 à Coyoacán, au sud de Mexico, Frida découvre à six ans qu'elle est atteinte d'une poliomyélite qui la contraint à l'isolement. L'enfant s'invente alors une amie imaginaire qui a inspiré son célèbre autoportrait « Les deux Frida » (1939). A 18 ans, elle est victime d'un grave accident d'autobus. Son abdomen et sa cavité pelvienne sont transpercés, son pied droit, son bassin, ses côtes et sa colonne vertébrale sont également brisés. Alitée pendant trois mois, elle demande à son père de lui acheter des fournitures pour peindre. Si ce tragique accident met brutalement un terme à son rêve de devenir médecin, sa vocation artistique naît à ce moment-là. Elle déclare alors : « Je ne suis pas morte et j'ai une raison de vivre. Cette raison, c'est la peinture ». Frida gardera néanmoins les séquelles physiques de ce choc tout au long de sa vie. Elle est opérée à de nombreuses reprises et doit parfois porter des corsets et autres appareils médicaux qu'elle sublime et transforment en œuvres d'art, exposés au Palais Galliera.
Sublimer le handicap
En façonnant l'image de son corps handicapé, Frida Kahlo a joué un rôle de pionnière. « Dès son plus jeune âge, elle a développé une profonde compréhension du pouvoir des vêtements et des accessoires dans la construction de son identité », affirment les organisateurs de l'exposition. Petite déjà, elle s'habillait de manière non-conventionnelle pour, certes, exprimer sa personnalité mais aussi cacher sa jambe abîmée par la poliomyélite. Au fil du temps, son style hybride, emprunté à la culture traditionnelle mexicaine remis au goût du jour, est devenu un art à part entière, unique et transgressif. Mais Frida Kahlo, ce n'est pas que des blessures visibles. C'est aussi une santé mentale fragile dont elle ne se cache pas. Après plusieurs fausses couches dues au syndrome d'Asherman qu'elle développe après son accident, elle sombre à de nombreuses reprises dans la dépression. Deux ans avant sa mort, elle est amputée de la jambe droite en raison d'une gangrène. Elle apparaît une dernière fois publiquement le 2 juillet 1954 lors d'une manifestation contre l'intervention américaine au Guatemala, assise sur un fauteuil roulant au milieu de la foule. Le 13 juillet, Frida Kahlo meurt chez elle, à l'âge de 47 ans. Embolie pulmonaire ou suicide ? Là encore, l'artiste aux mille visages laisse une part de mystère.