« Dès le 1er décembre 2025, les fauteuils roulants seront remboursés à 100 % (ndlr, par la Sécurité sociale), comme promis », annonce Emmanuel Macron dans une vidéo publiée sur son compte TikTok le 6 février 2025 (ci-contre). Cette promesse présidentielle de 2023 devait initialement être appliquée dès 2024. « Je sais, c'est toujours trop long, pour moi aussi, mais ils (les négociateurs, ndlr) ont fait le maximum. » « C'est le début d'un changement de vie pour beaucoup de nos compatriotes qui ont besoin de ces fauteuils et qui coûtent souvent très chers », ajoute le Président de la République. Plus de 35 000 vues en moins d'une heure ! Les attentes étaient (sont encore ?) nombreuses...
« Mon fauteuil, ce n'est pas un luxe, c'est mes jambes ! »
Le chef de l'État répond ainsi à l'interpellation d'Arthur Baucheron, créateur de contenu, et Charlotte Alaux, « entrepreneuse à roulettes ». « Tu savais que mon fauteuil coûte plus de 30 000 euros ? », indique le premier, dont l'extrait figure dans la vidéo d'Emmanuel Macron. Le mien « coûte 5 000 euros, et il est remboursé à hauteur de 600 euros par la Sécurité sociale. C'est inabordable pour moi et pour la plupart d'entre nous », ajoute la jeune femme, se disant « très inquiète ». « Aujourd'hui je lance un appel aux élus, au Président de la République, pour prendre en compte cette énorme problématique, alerte Arthur Baucheron dans sa vidéo initiale. Personne ne pourra me contredire, c'est une injustice. Pourquoi quelqu'un qui a plus d'argent pourrait se payer un fauteuil plus performant alors qu'on est tous au même niveau et qu'on en a tous besoin. » « Ce n'est pas un luxe, mon fauteuil roulant, c'est mes jambes », insiste-t-il.
Une réponse en 2 mois pour les fauteuils handisport
« Vos fauteuils roulants sont trop peu remboursés. On change cela », rétorque Emmanuel Macron. « On a beaucoup travaillé ces derniers mois, les choses avancent et ça commence à bouger. Dès demain, la liste de tous les fauteuils qui seront pris en charge à 100 % va sortir sur le site legifrance.gouv.fr », assure le locataire de l'Élysée, précisant que cette liste serait « très large ». Pour les fauteuils « plus spécifiques », notamment dédié au handisport, une « prise en charge complète » sera aussi possible après « entente préalable » avec la Sécurité sociale, avec une réponse dans un délai de « deux mois maximum », promet-il, quelques jours avant les 20 ans de la loi handicap du 11 février 2005. « On va, là aussi, réduire les délais et beaucoup mieux accompagner. »
Un surcoût de 160 millions d'euros pour l'Assurance maladie
Condition sine qua non pour le remboursement : obtenir une prescription médicale auprès d'un professionnel de santé. Il est « absolument nécessaire » que chacun puisse avoir le fauteuil roulant qui lui « convient », a estimé sur RTL Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée à l'Autonomie et au Handicap. Cette réforme « juste » représente un surcoût de 160 millions d'euros pour l'Assurance maladie, a-t-elle précisé. Les options des fauteuils pourront également être prises en charge.
Les asso saluent cette réforme « essentielle à l'autonomie »
Les associations de défense de personnes handicapées se sont réjouies de l'annonce. APF France Handicap salue une « réforme très attendue par les personnes en situation de handicap car essentielle à leur autonomie ». « Il est temps que chaque utilisateur bénéficie du fauteuil roulant qui est lui est adapté afin de garantir sa santé, son bien-être, sa dignité », commente sa présidente Pascale Ribes, citée dans un communiqué. La Fédération Paralysie cérébrale France souligne que cette réforme met « fin à un véritable parcours du combattant pour assurer le financement d'équipements et aides techniques absolument indispensables ».
Le financement réparti entre la Sécu et les départements
Environ un million de personnes en France utilisent un fauteuil roulant, dont des personnes âgées à mobilité réduite et des personnes handicapées, aux besoins spécifiques. Un fauteuil manuel peut coûter jusqu'à 10 000 euros, un électrique jusqu'à 50 000. Actuellement, l'Assurance maladie rembourse jusqu'à 600 euros dans le premier cas de figure et jusqu'à 5 200 euros, dans le second. Les départements, via la Prestation de compensation du handicap (PCH), participent souvent au financement, à hauteur de plusieurs milliers d'euros.
5 500 euros de reste à charge en moyenne
Depuis plusieurs années, les associations de défense de personnes handicapées dénoncent la lourdeur des procédures administratives pour obtenir des aides au financement
des fauteuils ainsi que le reste à charge, souvent trop élevé à leurs yeux. Quand celui-ci existe, il est « extrêmement élevé », selon étude de l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes). Ainsi, entre 2012 et 2019, 60 000 personnes ont dû assumer un reste à charge supérieur à 1 000 euros, atteignant en moyenne 5 500 euros.
Le fruit de longues négociations et de promesses...
Depuis 2023, ce sujet a fait l'objet de négociations entre la Sécurité sociale, les fabricants de fauteuils et les distributeurs, afin de parvenir à des prix encadrés. La dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024 puis la censure du gouvernement de Michel Barnier en décembre ont aussi ralenti l'aboutissement du projet. Dans notre interview inclusive, Charlotte Parmentier-Lecocq promettait, fin janvier, « d'établir un schéma de remboursement des fauteuils dans les prochaines semaines afin que la mesure soit effective dès la fin de l'année » (Charlotte Parmentier: handicap, quels défis majeurs en 2025?). Dans sa déclaration de politique générale le 14 janvier, le Premier ministre François Bayrou avait aussi assuré que le remboursement deviendrait intégral en 2025 (Fauteuil roulant : Bayrou promet un remboursement "dès 2025").
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