Pierre, 33 ans, est un fleuriste à succès. Sa vie bascule lorsque sa mère, Judith, débarque dans sa vie après s'être enfuie de son établissement psychiatrique. Après deux ans sans se voir, leurs retrouvailles, aussi inattendues qu'explosives, vont transformer mère et fils à jamais...
Sa propre histoire
Cette histoire, savamment relatée par Julien Carpentier dans La vie de ma mère, c'est celle de millions de proches aidants de personnes avec des troubles bipolaires ou psychiques. Et s'il la raconte si justement, c'est parce que c'est la sienne... Un film d'1h45, avec Agnès Jaoui, William Lebghil, Salif Cissé et Alison Wheeler, primé au festival d'Angoulême, en salle le 6 mars 2024 (bande-annonce en vidéo ci-contre).
« Mélange d'amour et de souffrance »
Culpabilité des proches, peur de développer à son tour la maladie, harassement... « Il ressort à la fois beaucoup d'amour et de souffrance », réagit Marie-Jeanne Richard, présidente de l'Unafam (association de proches de personnes avec un handicap psychique), lors d'une projection au sein de l'Assemblée nationale. « Il trace une voie, pose les bonnes questions, permet aux enfants/aidants de se projeter, abonde une spectatrice. C'est un film de cinéma mais qui peut avoir des effets thérapeutiques, et c'est une psy qui vous dit ça ! » « Au-delà du handicap, c'est aussi, purement et simplement, un film qui parle des relations mère-fils, de transmission, d'amour, d'espoir... », souligne Julien Carpentier.
10 ans de réflexion
Cette recette à succès est le résultat de dix ans de travail. Il a, en effet, fallu une décennie à Julien Carpentier pour « aborder le sujet avec le regard le plus juste possible, tout en gardant de la distance avec sa propre histoire ». Et presque autant de temps pour convaincre Agnès Jaoui d'incarner Judith ! « C'est elle que je voulais et pas une autre, confie le réalisateur. En 2004, je suis allé la voir à la sortie d'une pièce de théâtre pour lui proposer de jouer dans mon court-métrage, elle m'a répondu qu'elle se consacrait exclusivement aux longs-métrages. » Il suffisait d'attendre…
Agnès Jaoui « validée » !
« La justesse d'Agnès Jaoui est également époustouflante ! », déclare un spectateur, expert du sujet. Pour préparer ce rôle, elle a visionné plusieurs films sur le thème de la santé mentale, notamment Les intranquilles, (Film Les intranquilles : la bipolarité sur grand écran), « et puis elle connaît un peu le sujet car a elle a également un proche concerné », révèle Julien Carpentier. « Même ma mère a validé ! Lors d'une rencontre avec la comédienne récemment, elle lui a dit : 'J'ai cru me voir' », confie-t-il. Un moment « assez lunaire », se souvient-il. « Ma mère était très émue quand elle a vu le film, c'était un moment intense. Cela a permis d'apaiser les relations au sein de ma famille et d'ouvrir le dialogue », se réjouit-il.
« Heureux d'avoir une mère bipolaire ! »
Et c'est justement le cœur de ce projet. Libérer la parole, briser les tabous, créer des liens... « Si cela peut aider des jeunes qui n'osent pas parler de ce qu'ils vivent par gêne ou par honte, c'est formidable », indique le réalisateur. « Je suis moi-même passé par là. Certes, c'est dur, on vit parfois des moments atroces mais ça apporte aussi beaucoup de positif. Ça m'a permis d'avoir un regard différent sur le monde, une ouverture d'esprit, parfois aux forceps mais tout de même formidable, de me familiariser avec la différence... Aujourd'hui, je peux dire que je suis heureux d'avoir une mère bipolaire. »