C'est un film envoûtant que signe Bertand Guerry, autour de la famille, de la maladie et de l'amitié. Une histoire compliquée faite de non-dits, primée au Festival international du film de Richmond pour le meilleur scénario original et le prix d'interprétation pour l'ensemble de la distribution. Sorti en salles le 4 juillet 2018, Mes frères promet une mise en lumière de la maladie de l'homme de pierre.
Le pitch
Deux frères, Eddy et Rocco, ont connu leur heure de gloire sur la scène « Rock Indé » à la fin des années 90. On les retrouve dix ans plus tard sur une île, défilant en tête de la fanfare locale. Les souffrances ont brisé les cœurs et meurtri les corps mais la joie va renaître de la fraternité. Rocco est en effet atteint de la maladie de l'homme de pierre. Héréditaire, elle se manifeste entre deux et cinq ans et enferme progressivement le corps humain dans un second squelette. Ainsi les muscles et les tissus se transforment en plaques osseuses, les articulations cessent par la suite de fonctionner et le malade se retrouve dans l'incapacité de bouger.
Le projet de 2 frères
Ce sont justement deux frères qui se lancent, à l'origine, dans l'écriture du scénario : Thomas et Bertrand Guerry, respectivement chorégraphe et réalisateur. Le cinéaste, habitué aux documentaires, réalise ici un drame surprenant et captivant, qui traite d'un sujet qu'il connaît bien : les fratries. Bertrand explique que « l'élaboration de ce scénario est basée sur les liens forts, délicats et singuliers des fratries. Ce qu'il en résulte me captive tout autant : les non-dits au sein des familles. ». Une famille de nouveau réunie pour le meilleur, comme pour le pire, autour de deux générations, adulte et enfant.
Être classe dans la maladie
David Arribe, l'acteur qui joue Rocco, s'est « plongé dans un mutisme corporel en opposition avec l'évolution du corps de son fils, Simon [joué par Sacha Guerry], qui grandit. Le travail sur le déclin du corps de Rocco s'est révélé être primordial afin que l'on puisse s'attacher à ce personnage. Nous sommes allés chercher le juste état de corps pour représenter au mieux chacune des étapes de la maladie. ». Un rôle compliqué pour l'acteur qui a trouvé auprès de Thomas Guerry, chorégraphe, de vrais conseils pour les postures à adopter pour « trouver une certaine classe dans la maladie et ne pas être dans le misérabilisme ».
Un label Cinéma équitable
Mes frères a reçu le label Cinéma équitable par son engagement autour d'un sujet sociétal. Le réalisateur conclut : « Dans ce film, les sujets s'entremêlent, et chacun pourra trouver une porte d'entrée dans cette singulière tranche de vie. Je traite à la fois de la maladie et de son rapport au corps, d'une amitié naissante et puissante entre deux enfants, d'un souffle de liberté sans compromis, d'un code d'honneur que l'on préserve mais aussi des relations père-fils qui se renforcent. ». Un joli film à la puissance flagrante.
© Florian Martin/Cinemersion