Entièrement financé par les contributions payées par les employeurs publics dont le taux d'emploi de personnes en situation de handicap est inférieur à 6%, le FIPHFP, géré par la Caisse des Dépôts, est utilisé pour favoriser l'emploi des personnes handicapées (adaptation des postes de travail, formations...). En 2016, le taux d'emploi dans la fonction publique a atteint un niveau "historiquement élevé" de 5,32% représentant 232.206 personnes, a annoncé le fonds lors d'une conférence de presse. Dix ans auparavant, lors de sa création, ce taux était de 3,74%.
Un effet ciseau
"Paradoxalement, plus on travaille bien, plus la contribution des employeurs baisse", a souligné son président Dominique Perriot lors d'une conférence de presse le 21 septembre 2017. Alors que les dépenses d'intervention se sont élevées à 157 millions d'euros en 2016, les contributions des employeurs se sont montées à 132 millions d'euros. "Un effet ciseau qui n'est pas compatible avec l'augmentation des charges fixes au fil du temps", a insisté M. Perriot. Il a rappelé que le maintien dans l'emploi représente "40 à 50% des dépenses et de manière pérenne".
Réserves bientôt à sec
Puisant depuis plusieurs années dans ses économies, le fonds qui disposait de 53 millions d'euros de réserve à "fin 2017", prévient qu'il ne pourra plus continuer. Pour les trois prochaines années (2018-2020) le budget baissera pour atteindre 120 millions d'euros par an, a prévenu son directeur Marc Desjardins. "Évidemment il y aura des frustrations, des choses pas faites", a reconnu M. Perriot qui a dit vouloir "laisser le temps" au nouveau gouvernement. Une enquête conjointe des inspections générales des affaires sociales (Igas) et des finances (IGF) est en cours pour étudier le modèle de financement du FIPHFP et de l'Agefiph, son équivalent pour le privé, qui est confronté au même problème.
10 à 15 euros par an et par agent
"Il suffirait d'une contribution de 15 euros par an et par agent pour financer le maintien dans l'emploi sur 10 ou 15 ans", a plaidé le responsable. "L'assistance c'est fini, on est dans une ère de mutualisation, de solidarité, il faut que les moyens soient donnés à cette solidarité", a-t-il ajouté. "Est-ce que le maintien dans l'emploi des personnes en situation de handicap est une cause nationale ou est-ce que ça doit uniquement être financé par les employeurs ?", a-t-il interrogé. "Les personnes en situation de handicap dans la fonction publique n'ont pas à servir de variable d'ajustement des politiques publiques et des coupes budgétaires", a réagi dans un communiqué la CFE-CGC services publics. Le syndicat dénonce les "ponctions" effectuées par l'Etat pour financer des emplois aidés, de "29 millions d'euros" par an en 2015, 2016 et 2017 (article en lien ci-dessous), qui ont "fragilisé le budget du fonds".