Fonction publique : 5,6% travailleurs handi, essaye encore !

Avec 5,61% en 2018, le taux d'emploi des travailleurs handicapés dans la fonction publique est en hausse, mais pas assez pour atteindre les 6%. Le 20 juin 2019, le FIPHFP dresse un bilan en demi-teinte : entre baisse du budget et projets ambitieux.

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5,61 %, c'est le taux de travailleurs handicapés dans la fonction publique en 2018, contre 5,49 % en 2017 et 3,74 % en 2006. Il frôle ainsi celui de 6 % imposé par la loi, sans pour autant l'atteindre… Cela représente 250 760 bénéficiaires de l'obligation d'emploi, soit 10 000 de plus que l'an passé. Ces résultats ont été présentés le 20 juin 2019 lors du bilan annuel du FIPHFP (Fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées dans la fonction publique), en présence de la nouvelle présidente du Comité national, Françoise Descamps-Crosnier, et des vice-présidents, Christophe Roth et Jacques Zeitoun (article en lien ci-dessous).

Taux d'emploi en hausse

Mission « réussie » pour la fonction publique territoriale qui avoisine les 6,8 % mais pas pour ses deux autres versants… Les fonctions publiques d'Etat et hospitalières atteignent respectivement 4,65 % et 5,67 %. L'Education nationale (3,62%) et les services du Premier ministre (3,38%) figurent parmi les plus mauvais élèves en la matière. Marc Desjardins, directeur du FIPHFP, se veut tout de même ambitieux : « 6 %, c'est un plancher, l'objectif c'est d'aller plus loin ». Le taux d'emploi est en hausse sur l'ensemble des régions ; 11 d'entre elles atteignent ou dépassent le taux imposé par la loi, soit trois de plus qu'en 2017. Certains employeurs sortent du lot, à l'image du groupement hospitalier universitaire Paris psychiatrie et neurosciences (6,12 %) et de la ville de Suresnes (8 %). A noter, le taux d'emploi direct est de 5,36 % (sans tenir compte de la sous-traitance), un élément à part entière, selon Marc Desjardins, « cher à Sophie Cluzel », secrétaire d'Etat en charge du Handicap.

Un budget en baisse

Plus ce chiffre progresse, plus le budget du fonds, qui est exclusivement financé par les employeurs publics ne respectant pas le quota de 6 % de travailleurs handicapés, se réduit. Les contributions des employeurs ont chuté à 113 millions d'euros en 2018 (contre 121 millions en 2017 et 132 millions en 2016) et ont finalement été « inférieures aux dépenses d'intervention pour la sixième année consécutive ». Il est donc contraint de puiser dans ses réserves qui s'amenuisent... « Fin 2019, elles s'élèveront à environ 70 millions d'euros », précise Marc Desjardins. Le FIPHFP qui aide, entre autres, à l'aménagement des postes de travail, a vu le montant de l'ensemble de ses interventions baisser de 3,15 % par rapport à 2017 pour s'établir à 125 millions d'euros, dont 77 millions d'aides directes (plateforme des aides, conventions employeurs et programme accessibilité) et 48 millions d'aides indirectes (partenariats, travail de sensibilisation et financement du réseau Cap emploi).

Formation et apprentissage : tremplins vers l'emploi

Le fonds a toutefois doublé en un an le montant de ses financements pour l'accessibilité numérique (1,17 million d'euros), « très clivant pour les personnes handicapées et notamment celles qui ont une déficience visuelle », souligne Marc Desjardins. Le FIPHFP s'est également donné pour mission de rendre la formation plus accessible tant en matière de cadre bâti que de pédagogie, « l'enjeu principal étant d'éviter les ruptures entre l'enseignement secondaire et le supérieur mais aussi entre ce dernier et l'emploi », poursuit-il. En 2018, 6,67 millions d'euros ont été dédiés à la formation. L'apprentissage, « véritable tremplin vers l'emploi pérenne », a également été identifié comme « priorité » et est, à ce titre, depuis 2018, le premier poste de dépense devant les transports. 4,6 % d'apprentis en situation de handicap ont été recensés en 2018 dans la fonction publique, dont 9,9 % pour le versant hospitalier. Un tiers d'entre eux sont recrutés à l'issue de leur contrat d'apprentissage au poste occupé et « 60 % trouvent un emploi dans les deux ans ». Au total, environ 1 000 apprentis sont aidés par le FIPHFP chaque année, qui prend en charge 80 % de leur salaire et des charges sociales.

Résultats de la grande concertation

Le 10 mai 2019, se tenait la séance de restitution des travaux de la grande concertation sur l'accompagnement et le maintien dans l'emploi, lancée par Muriel Pénicaud, ministre du Travail, Sophie Cluzel et Olivier Dussopt, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'action et des comptes publics. Le FIPHFP, qui planchait sur la formation, a notamment présenté un référentiel commun, une cartographie d'accessibilité et un processus d'auto-évaluation pour faciliter l'engagement des CFA (centres de formation des apprentis) dans leur démarche d'accessibilité universelle. Une application « Mon compte personnel de formation », co-construite avec des personnes handicapées, ainsi que les conditions pour une plus grande fluidité des transitions durables et sécurisées entre le milieu protégé et le milieu ordinaire ont également été exposées.

Tourné vers l'avenir

« L'inclusion des personnes handicapées n'est pas qu'une question d'argent, c'est avant tout un état d'esprit tourné vers l'action et le partage de valeurs. Le FIPHFP continue de les essaimer et d'accompagner les employeurs de la fonction publique, conclut Françoise Descamps-Crosnier. Nous avons acquis la pérennisation du fonds, nous entrons désormais dans un nouveau cycle avec les réformes en cours et à venir ». En parlant de nouveauté, « l'Education nationale, jusqu'alors épargnée, va bientôt devoir contribuer au FIPHFP », lance Marc Desjardins.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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