Par Thomas Bach
Le 12 février 2019, le compte à rebours vers les Jeux paralympiques 2024 (28 août-8 septembre) à Paris affiche J-2024, soit un peu moins de cinq ans et demi. Un délai trop court pour construire un athlète médaillable chez les valides. Mais "nous avons cette conviction, partagée par l'ensemble des fédérations, qu'il est possible de former un médaillé paralympique en cinq ans", estime pour l'AFP Jean Minier, directeur du développement au sein du Comité paralympique et sportif français (CPSF).
Les médailles en chute libre
"Je ne dis pas qu'on pourra faire de tous les athlètes qui viendront nous voir des champions en cinq ans, mais sur les 540 épreuves et catégories, il y a la possibilité de trouver des personnes qui, par leur profil morphologique, leur passé sportif, leur type de handicap peuvent jouer un vrai rôle", poursuit-il. En deux décennies entre Atlanta 1996 et Rio 2016, l'équipe de France paralympique est passée de 95 à 28 médailles, et de 35 médailles d'or à 9, pour un nombre d'épreuves globalement stable autour de 500. Un décrochage amorcé après les Jeux de 2000 à Sydney (6e) et qui s'est poursuivi jusqu'à Londres en 2012 (16e nation), malgré les performances de Marie-Amélie Le Fur, triple médaillée d'or entre Londres et Rio, ou d'Assia El-Hannouni, sacrée huit fois championne entre Athènes, Pékin et Londres.
Identifier les talents
Pour enrayer ce déclin, un rapport d'inspecteurs de la Jeunesse et des sports (IGJS) d'octobre 2017, soulignait, quelques semaines après l'attribution des Jeux 2024 à Paris, l'importance d'une "large opération d'identification des talents". "On l'a tous identifié chacun dans nos fédérations (...) on peut parfois être passé à côté d'un profil, d'un sportif. Grâce à ce dispositif, certains vont pouvoir s'exprimer, exprimer leur envie d'accéder au haut niveau", souligne Sami El Gueddari, directeur sportif de la natation à la Fédération française handisport.
Un dispositif de détection
Baptisé "la relève", ce plan prévoit dans un premier temps une simple inscription en ligne. Puis, une série de tests de deux heures concernant les capacités physiques générales (vitesse, endurance, force, souplesse) mais aussi la morphologie des personnes sera organisée dans cinq villes différentes (Toulon, Vichy, Bordeaux, Paris et Montpellier) sur six plateaux entre le 26 mars et le 15 juin (site et inscription en lien ci-dessous). "C'est un outil qui n'a rien de révolutionnaire, on est basé à l'Insep (ndlr : Institut national du sport, de l'expertise et de la performance) qui a déjà fait le tour des tests de détection", ajoute le directeur du développement au CPSF (Comité paralympique et sportif français), qui parle d'une "co-construction avec les fédérations".
Talents cachés
En tant que pays hôte, la France disposera en 2024 de quotas dans les 22 sports paralympiques, alors qu'il y avait entre cinq et sept sports où les Bleus n'étaient pas engagés sur les précédentes éditions. Une "occasion relativement unique", selon Jean Minier, "pour toutes les personnes qui ont un rêve aujourd'hui et qui peuvent le nourrir". La crainte, c'est de voir de potentiels sportifs de haut niveau passer entre les mailles du filet. "On peut avoir des personnes qui ont un talent mais qui ne pratiquent pas", souligne la nouvelle présidente du CPSF, Marie-Amélie Le Fur. Et "on a des talents cachés dans le milieu valide", qui pratiquent avec un handicap "mais qui ne se sont jamais dit 'Le mouvement paralympique c'est aussi moi'", ajoute-t-elle. Cela passe notamment par une meilleure information sur les différentes disciplines et les handicaps. "C'est un pari. Si ce dispositif permet d'avoir de nouveaux médaillés aux prochains Jeux, ce sera une mission pleinement remplie", souligne Sami El Gueddari.