Une nouvelle option de vie pour les personnes handicapées ? L'habitat inclusif, soutenu depuis la loi ELAN de 2018, promet de faire son entrée dans leur quotidien. Objectif ? Permettre aux personnes en perte d'autonomie de conserver l'environnement d'un « chez soi » tout en bénéficiant, dans un logement collectif à taille humaine, d'un service d'animation qui favorise le lien social, l'inclusion dans la ville et sécurise le maintien à domicile. Plébiscité ainsi par les ménages mais aussi par les collectivités territoriales et les associations, cet habitat a vocation à se développer dans les années à venir, en réponse au défi du vieillissement de la société. Exit le tout institution ! Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, promet son « développement à la fois dans le parc social et privé ». De leur côté, les associations de personnes handicapées affirment plaider pour ce concept de façon « unanime » : « Résider en établissement ne répond plus à l'aspiration du plus grand nombre ».
Lancement du Comité de pilotage
Le 24 février 2021, le gouvernement, qui réaffirme sa « mobilisation forte » en faveur d'un « pilier des politiques du logement pour les personnes ayant besoin d'être accompagnées dans leur autonomie », a lancé le Comité de pilotage de l'habitat inclusif. Plusieurs ministres étaient au rendez-vous, en présence de membres de l'Observatoire pour l'habitat inclusif. Était également convié le président de l'Assemblée des départements de France (ADF) afin « d'intégrer cet objectif aux stratégies des élus locaux », avec des solutions « d'aménagement durable de leur territoire », surtout dans ceux « ruraux ».
AVP, une aide financière
Lancée le 1er janvier 2021, « l'Aide à la vie partagée », est une nouvelle prestation financière pour encourager ce type de colocation (article en lien ci-dessous). L'AVP sera octroyée à tout résident d'un habitat inclusif dont le bailleur ou l'association partenaire a passé une convention avec le département. Durant la « période starter », elles seront cofinancées à hauteur de 80% par la Caisse nationale pour la solidarité et l'autonomie (CNSA). 40 départements pilotes devraient s'engager au cours de l'année 2021 et 60 en 2022. Au total, 600 projets devraient voir le jour d'ici 2022. Une consultation auprès des collectivités engagées dans le programme « Petites villes de demain » de l'ANCT (Agence nationale de la cohésion des territoires) est en cours pour identifier leurs besoins.
Les asso fortement mobilisées
Les acteurs de l'habitat inclusif (associations, gestionnaires, bailleurs sociaux, financeurs institutionnels, caisses de retraite et organismes de prévoyance) attendent de l'Etat un « engagement fort ». Pour assurer la réussite de ce déploiement, un collectif composé de quinze associations, issues du champ du handicap (dont APF France handicap, l'Unapei…) ou pas (Petits frères de pauvres, Croix rouge habitat…) s'est constitué pour parler d'une même voix. S'il se dit « prêt à œuvrer auprès des pouvoirs publics », il déplore encore de « nombreux freins persistants » : juridiques, financiers, techniques, de coordination… Pour lever ces difficultés, le Premier ministre a commandé un rapport intitulé « Demain, je pourrai choisir d'habiter avec vous » qui propose des solutions opérationnelles qui « font l'unanimité » auprès de ces acteurs.
Des pistes de progrès
Ce collectif livre quelques pistes de progrès. Il y a notamment la nécessité d'un pilotage partenarial au niveau national afin d'accompagner le déploiement sur les territoires, en rendant effective la Conférence des financeurs de l'habitat inclusif dans chaque département. L'objectif étant « d'encourager les initiatives locales » et les expérimentations, avec beaucoup de « souplesse » et une « sécurisation du projet dans la durée ». Il propose enfin de « faire évoluer le cadre qui s'applique au volet immobilier de ces opérations, par des financements articulés avec ceux du projet social », qui prennent en compte à la fois la dimension « logement » mais également celle des « espaces de vie partagée ».