Ordinateurs, câbles, outils, bouteilles d'eau et emballages alimentaires s'accumulent sur de longues tables. Dans les locaux de l'École centrale de Lyon, des étudiants ont veillé toute la nuit du 3 au 4 mars 2017. Encadrés par des coaches, ils se sont réunis pour le HIVE (Hacking for innovative and viral evolution), un hackathon organisé par l'école. Traditionnellement, le hackathon, à la croisée de « hack » et de « marathon », réunit des développeurs organisés en équipes, avec pour objectif de produire un prototype d'application en quelques heures. Une sorte de concours chronométré, à l'issue duquel l'équipe gagnante est désignée par un jury. À Lyon, le HIVE, ouvert aux étudiants de tous les campus, portait sur des innovations au service du handicap.
Le soutien de professionnels
Le profil des participants est varié ; ils sont ingénieurs, développeurs, designers… « Il y a une réelle démarche pédagogique », explique Yann Seiller, étudiant en charge de l'événement. Pourquoi avoir choisi le thème du handicap ? « L'idée est née d'une réflexion commune. Ce sujet n'est pas traité à la centrale, poursuit-il. Personne au sein de l'équipe organisatrice n'est handicapé mais c'est une thématique qui nous tenait à cœur et qui peut attirer du monde. » Pour donner un coup de pouce aux porteurs de projets, le Fablab de l'école a mis à leur disposition plusieurs imprimantes 3D. D'autres professionnels du secteur du handicap, à l'instar de l'Adapt (association pour l'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées) et de la Fondation OVE, ont apporté leur soutien et leur expertise.
Un joystick en 3D pour la motricité
Au total, 14 projets étaient engagés, dont certains commandités par Orange. Ils concernent des applications mobiles, des logiciels, diverses plateformes numériques… mais pas que ! L'équipe lauréate a imaginé « All Joy », une aide technique destinée aux personnes avec des problèmes de motricité fine. Pour faciliter la prise en main, cette manette disposant d'un unique joystick en plastique coloré, connectée à l'ordinateur via un petit boîtier électronique, a été imprimée en 3D en 15 heures. Sa manipulation permet de jouer sur ordinateur sans avoir à effectuer des mouvements trop précis. « L'appliquer aux jeux vidéo était notre idée de base, le plus rapide à concevoir. Mais cela pourrait s'étendre à d'autres secteurs à l'avenir », confie Camille Devaux, en charge de ce projet. L'équipe pourra accélérer la conception d'All Joy en accédant à l'un des centres Orange Labs, division du groupe dédiée à la R&D (Recherche et développement). L'occasion aussi d'être repéré par les nombreuses entreprises partenaires de l'événement…
Un concept en plein essor
Participants toujours plus nombreux, thématiques variées, entreprises commanditaires… Les hackathons ont aujourd'hui la cote. En juin 2016, un marathon numérique de 48 heures était également organisé par Orange, en région parisienne, parrainé par la Croix rouge française, pour concevoir des outils en faveur de l'autonomie de personnes âgées ou fragilisées. Mi-février, ils étaient également 640 étudiants du Pôle Léonard de Vinci de Paris-La Défense à plancher sur la conception de solutions numériques innovantes destinées à faciliter l'autonomie des personnes handicapées, avec le soutien de… Microsoft (article en lien ci-dessous).
Une plateforme dédiée
La start-up BemyApp, spécialisée dans l'organisation de ces événements, est allée jusqu'à créer la plateforme Hackathon.com (en lien ci-dessous) pour les recenser et les promouvoir à l'échelle internationale. Une initiative de bon augure pour le handicap ? En 2016, l'Adapt organisait à son tour cinq hackathons en faveur du handicap. Trois projets imaginés à l'issue de ce concours ont été récompensés lors d'une remise des prix le 14 novembre, à l'occasion de la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées (SEEPH). De quoi croiser des compétences variées pour trouver des réponses innovantes à la question de l'inclusion des personnes handicapées dans la société. Reste à savoir si tous ces prototypes aboutiront à une réelle commercialisation…
© Aimée Le Goff / Fablab École centrale Lyon