C'est une première en France pour un opérateur de transport public, selon la RATP : la labélisation « Cap'Handéo services de mobilité » d'une ligne de métro. Ça se passe le 30 avril 2018 à Paris, sur la 1, station Franklin Roosevelt !
300 agents formés
Cette certification est délivrée par Cap'Handéo, créé à l'initiative des grandes fédérations de personnes handicapées. Sur trois ans, renouvelable, elle définit un référentiel de services dédiés à l'accueil des personnes en situation de handicap mental, psychique, auditif et visuel. Un logo affiché sur le guichet signale à la fois l'engagement des 300 agents de la ligne à apporter leur aide et des équipements adaptés. Le personnel offre ainsi un meilleur accueil de ce public à chaque étape du voyage, de la prise d'information en amont (site internet accessible, service clientèle formé) à la réalisation du trajet. Sa formation s'est faite avec l'aide de l'Unapei (association de personnes avec un handicap mental) et le comité régional de tourisme d'Ile de France. Cet accueil personnalisé leur permet de prendre en charge tout passager ayant des difficultés de compréhension, d'orientation ou en situation de stress. Cette démarche peut donc, potentiellement, bénéficier à tous. Ce matin-là, un passager non-voyant témoigne qu'il a en effet été accompagné jusqu'au quai par un agent.
Des équipements bien pensés
Côté équipements, la RATP a lancé, il y a quelques années, son programme Equisens pour faciliter le cheminement et l'orientation des personnes avec un handicap sensoriel ou cognitif. Ce programme, qui vise à améliorer l'éclairage, l'acoustique, la signalétique et l'information dans les espaces, doit être prochainement déployé dans les 368 stations et gare du réseau. C'est dans ce cadre que les équipements de la ligne 1 ont été pensés. Des boucles magnétiques sur les automates de vente de titres ont été installées. Des mains courantes ont été rallongées. Des bandes d'appel à la vigilance ont été apposées en haut des escaliers. Toutes les stations sont munies de barrières vitrées pour accéder aux wagons, évitant ainsi de chuter sur les rails. En matière de signalétique, des « hypersignes » (panneaux plus grands et donc plus lisibles) ont été conçus pour les personnes déficientes visuelles. D'autres aménagements sont en cours d'expérimentation, comme des balises sonores, en test sur deux stations, qui seront déployées à l'automne 2018 sur toute la ligne. La RATP expérimente également un système d'audioguidage, qui permet de guider le voyageur, étape par étape, dans la station.
Bientôt sur d'autres lignes
« Cap'Handéo est notre première certification de ligne totale, mais on a aussi un programme baptisé S3A (accueil, accompagnement, accessibilité) visant à aider les personnes handicapées mentales à s'orienter (article en lien ci-dessous), qui est déjà sur plusieurs lignes de métro et RER (1,10, 11 et 14 et lignes A et B du RER), a souligné la PDG de la RATP, Catherine Guillouard. Nous allons évidemment continuer nos efforts. ». L'ensemble du réseau devrait être labélisé S3A en 2020. Quant au label Cap Handéo, la régie a promis de le déployer sur d'autres lignes, notamment les 2, 10, 14 du métro et la ligne A du RER. La ligne 1 n'est en revanche pas accessible aux personnes avec un handicap moteur, contrairement à la ligne 14, la plus récente du métro parisien.
Deux ministres et une présidente
Pas moins de deux ministres, mesdames Cluzel (handicap) et Borne (transports), et une présidente de région (Valérie Pécresse, Ile-de-France) étaient présentes le 30 avril 2018, pour officialiser l'évènement. La date n'a pas été choisie au hasard puisque c'est la Journée mondiale des mobilités et de l'accessibilité. « On sait qu'il y a un dernier problème qui est celui de l'accessibilité des stations de métro (aux personnes à mobilité réduite) dans Paris, qui sont malheureusement très anciennes et profondes, a souligné Valérie Pécresse. Je sais que Sophie Cluzel travaille à essayer d'alléger peut-être les normes », a-t-elle ajouté, expliquant que les normes en matière de sécurité incendie sont plus contraignantes que dans d'autres pays européens.
Du mieux avec Paris 2024 ?
Mme Cluzel a informé qu'elle se rendrait le 4 mai à Londres « voir quelles sont les normes qui ont pu faciliter cette accessibilité, notamment lors des Jeux olympiques de 2012 ». « C'est un sujet plus difficile sur lequel nous travaillons », a ajouté Elisabeth Borne. L'accessibilité aux personnes à mobilité réduite, « au moins à certaines stations du réseau parisien, est un vrai objectif dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 » (article en lien ci-dessous). Julien Paynot, directeur d'Handéo (lien ci-dessous) salue quant à lui une « volonté de favoriser l'autonomie des personnes handicapées et âgées ».