Des cadeaux de Noël pour améliorer des difficultés liées à un trouble du neurodéveloppement (TND) ? Encore peu connus, les « jeux éducatifs » sont conçus par des professionnels du médical, du paramédical ou de l'accompagnement. Dans un contexte où les listes d'attente pour obtenir un rendez-vous chez l'orthophoniste s'étendent encore et toujours, avec des impacts souvent délétères sur les compétences des enfants, cette solution permet aux parents se sentant impuissants de prendre les choses en main.
« On apprend mieux quand on s'amuse »
En effet, le recours au jeu lors des accompagnements thérapeutiques est très courant. « Nos souvenirs portent sur des sensations : une émotion, une odeur, une musique. C'est pareil pour l'apprentissage. On apprend mieux quand on s'amuse », explique Inès Cléda, orthophoniste, auteure de jeux éducatifs et gérante de deux boutiques à destination des professionnels et des particuliers. D'autant que l'orthophonie « ne devrait pas ressembler à du travail supplémentaire, vu le temps que les enfants passent à l'école ».
S'assurer de la légitimité de l'auteur
Alors, depuis plusieurs années, les jeux éducatifs se démocratisent. Nathan, HABA, Djeco… les maisons d'édition qui éditent ces produits se font connaître, avec des points de vente en librairies ou sur les boutiques en ligne. Pour autant, tous ne se valent pas : « Pour s'assurer de la qualité, je conseille aux parents de se renseigner sur l'auteur du jeu et sur sa légitimité. Est-il orthophoniste, éducateur spécialisé, psychomotricien, travaille-t-il avec les enfants ? ».
Des règles simples et adaptées !
Il faut ensuite analyser le jeu en lui-même, selon le profil de l'enfant : ses besoins, ses envies, ses points forts. À commencer par le support : plutôt cartes, dessin ou jeu de plateau ? Les visuels, quant à eux, doivent être les plus réalistes possibles, avec des fonds de préférence unis. « Ensuite, les règles doivent être simples pour que l'enfant puisse se concentrer au maximum sur la compétence ciblée. » Un minimalisme que l'on retrouve également dans les objectifs pédagogiques, qui ne devraient cibler qu'une seule grande compétence. Autre critère majeur : le potentiel évolutif du jeu, qui doit s'adapter aux progrès de l'enfant. « Même si c'est rare pour les jeux vendus aux particuliers, puisqu'on privilégie la simplicité », regrette l'orthophoniste.
« S'approprier voire même détourner le jeu »
Des critères spécifiques, qui rendent la perle rare difficile à trouver. « Il ne faut pas hésiter à s'approprier les jeux et à les détourner », conseille Inès Cléda. Modifier les règles pour augmenter la difficulté, créer les siennes, détourner le plateau de jeu pour travailler une compétence plutôt qu'une autre… Avec un peu de créativité, même les jeux les plus communs deviennent éducatifs. Par exemple, un Monopoly peut être très efficace pour travailler les compétences de calcul, si l'on se concentre sur le fait de compter l'argent plutôt que sur la gestion d'un patrimoine.
Un outil qui booste la créativité et la confiance en soi
Cet exercice fait parfois peur aux parents. « Mais ils doivent se faire confiance. Ce sont eux qui connaissent le mieux leur enfant, qui savent précisément ce qu'il faut travailler, et qui trouveront ce qu'il aimera le plus. Et puis l'enfant peut aider », suggère-t-elle. Une activité amusante, et surtout intéressante pour mobiliser la créativité, la logique, les capacités d'adaptation… et qui l'aidera à prendre confiance en lui.
Des jeux vidéo pour varier les supports
Quid des jeux vidéo ? Comme pour tout, c'est une question d'équilibre. Que ce soit sur consoles, ordinateurs, tablettes ou téléphones, des jeux et des applications spécialisés existent. De plus en plus, des algorithmes d'intelligence artificielle adaptent les exercices de manière très précise. « Et ça fait du bien à l'enfant de varier un peu les supports et d'utiliser des outils qu'il aime ou qu'il découvre », complète Inès Cléda. Même si, bien entendu, les écrans ne doivent pas prendre le pas sur la dimension sociale, d'échange et d'empathie qu'apportent les jeux de société.
© Inès Cléda