Handicap : l'absence d'un ministère dédié ne passe pas!

"Un gouvernement sans le handicap et sans personnes handicapées." Au lendemain de la nomination du gouvernement Barnier, les associations font part de leur colère et de leur déception face à l'absence d'un ministère dédié à 12 millions de Français.

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Femme, dont le visage est caché derrière un sens interdit, fait un signe «Stop».

« On nous parlait d'un héritage des Jeux [paralympiques]. Il aura été vite enterré », déplore le Collectif handicaps, qui regroupe 54 associations. Le 21 septembre 2024, sur X, les réactions face au gouvernement Barnier sont teintées de déception, colère et incompréhension. « Non, vous ne rêvez pas. Il n'y a ni ministre, ni ministre délégué, ni même secrétaire d'Etat en charge du handicap », raille Florian Deygas, ancien vice-président du Conseil national consultatif des personnes handicapées.

Paul Christophe aux « manettes » du Handicap

Après Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap, puis Geneviève Darrieussecq et Fadila Khattabi, ministres déléguées aux Personnes handicapées, c'est le nouveau ministre des Solidarités, de l'Autonomie et de l'Egalité entre les femmes et les hommes, Paul Christophe, qui est désormais aux manettes des questions liées au Handicap. Député Horizons dans la 14e circonscription du Nord et ancien président de la Commission des affaires sociales à l'Assemblée, il est notamment à l'origine d'une proposition de loi sur l'accompagnement de parents d'enfants malades et en situation de handicap et rapporteur d'une autre sur l'autisme. Geneviève Darrieussecq hérite, quant à elle, du ministère de la Santé et de l'Accès aux soins.

12 millions de personnes « invisibilisées » ?

« Le gouvernement nous 'dilue' avec l'autonomie, souvent orientée vers les personnes âgées et dépendantes », s'offusque Florian Deygas sur X, regrettant que les personnes handicapées soient « invisibilisées » et de « perdre un interlocuteur privilégié et dédié, avec qui débattre et dialoguer ». « Ainsi 12 millions de personnes ne méritent pas un ministère », poursuit le Collectif handicaps qui « condamne ce choix, inadmissible et incompréhensible ». « Un gouvernement sans le handicap et sans personnes handicapées », constate, désabusée, l'Association pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et privées, estimant que la classe politique leur « crache à la figure ». Elle somme Emmanuel Macron de « corriger cet affront et de faire de la politique du handicap la grande cause gouvernementale ».

Une réponse politique « pas à la hauteur »

De son côté, l'Anpihm (Association nationale pour l'intégration des personnes handicapées moteurs dénonce « l'absence d'une réponse politique digne de ce nom », considérant qu'un ministre délégué auprès du Premier ministre est la « seule architecture permettant de disposer du poids politique indispensable pour conduire chaque ministre à intégrer dans sa feuille de route les dispositions à prendre pour réduire – sinon supprimer – les situations de handicap existantes dans leurs domaines respectifs, que ce soit l'accessibilité du cadre bâti, l'accès à l'école, l'accès à l'emploi, l'accès aux soins, l'accompagnement, et les ressources suffisantes afin que les personnes reconnues dans l'incapacité de travailler puissent vivre décemment ! ». Sophie Cluzel interpelle également le nouveau ministre sur X : « Je compte sur Paul Christophe pour que l'absence d'un ministère dédié ne soit pas le signe d'un désintérêt à l'issu des Jeux paralympiques si réussis ».

Des actions concrètes attendues

« Bienvenue aux 39 nouveaux ministres en charge de la politique du 'handicap' », réagit le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), invitant chacun d'eux à investir pleinement le Comité interministériel du handicap (CIH) qui se réunit deux fois par an autour du Premier ministre pour mettre à jour la feuille de route interministérielle, en co-construction avec les représentants des personnes concernées. En outre, il attire l'attention du nouveau ministre sur des chantiers majeurs tels que l'école inclusive, « la définition des règles de l'accessibilité des lieux de travail comme celles de l'accessibilité en général alors que le terme des agendas d'accessibilité programmée (Ad'AP) est prévu fin 2024 », la montée en charge des 50 000 nouvelles solutions devant permettre la transformation de l'offre médico-sociale, ainsi que la réforme du remboursement des fauteuils roulants et le développement de la communication alternative et améliorée (CAA).

Une tentative d'apaisement

Face aux inquiétudes, Paul Christophe se veut rassurant. « J'ai toujours eu à cœur de défendre les droits fondamentaux des personnes handicapées et une société plus inclusive, affirme-t-il sur ce même réseau social. Ce n'est pas demain que cela va changer ! »

Un ministère trop chargé

Si des acteurs, comme l'APHPP, saluent ce « joli mot », ils ne sont pas convaincus, craignant un ministère trop chargé. « Comment imaginer que Paul Christophe, sans secrétaire d'Etat dédié, pourra suivre tous les dossiers de ce ministère titanesque ? L'expression 'tient beaucoup à cœur' est pire que tout et signe un enterrement en grande classe de la soi disante priorité d'Emmanuel Macron », estime le Collectif handicaps. « Vous ne pourrez pas porter seul cette responsabilité. Le sujet est bien trop important (...) Vous avez besoin, au minimum, d'un secrétaire d'Etat dédié, et non d'une simple équipe de fonctionnaires qui vous conseillera sans avoir l'autorité nécessaire sur ces décisions cruciales », ajoute Florian Deygas.

« Pour ceux qui en doute [sic], j'entends être au rendez-vous des attentes du monde du handicap comme je l'ai toujours été ! Construisons ensemble », conclut le nouveau ministre.

© Stocklib / SergeyNivens

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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