Plus de huit bénéficiaires handicapés des minima sociaux sur dix n'ont pas les moyens de remplacer des meubles hors d'usage ou de se payer une semaine de vacances par an ! En particulier, 61 % rapportent que les revenus de leur ménage ne sont pas suffisants pour couvrir toutes leurs dépenses, 60 % que leur situation financière est difficile ou qu'ils ne peuvent « pas y arriver sans s'endetter ». Par ailleurs, 57 % n'ont aucun placement financier. C'est ce qu'observe la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) dans une étude (n°1203, en lien ci-dessous) publiée en septembre 2021. Elle conclut que les bénéficiaires handicapés des minima sociaux « ont des conditions de vie dégradées par rapport aux personnes handicapées dans la population générale » mais aussi « par rapport aux bénéficiaires de minima sociaux qui, eux, ne sont pas en situation de handicap ». Handicap et minimum social, ce serait donc la double peine.
47 % de titulaires de l'AAH
Fin 2018, 28 % des bénéficiaires de minima sociaux, sont considérés comme « handicapés » soit trois fois plus que dans la population générale (9 %). Attention, cette étude s'appuie sur les critères définis par l'indicateur international GALI, (Global activity limitation indicator, article complet en lien ci-dessous), qui élargit la notion de handicap aux personnes « restreintes dans certaines activités ». Cela représente 1,4 million de personnes vivant « en autonomie » puisque ce chiffre ne prend pas en compte celles, handicapées, accueillies dans des structures spécialisées. Si presque la majorité d'entre eux (47 %) perçoit l'Allocation adulte handicapé (47 %), ils sont 15 % à toucher le minimum vieillesse, 32 % le Revenu de solidarité active (RSA) et 8 % l'Allocation de solidarité spécifique (ASS).
Isolés et en moins bonne santé
Si dans la population générale, les personnes handicapées sont plus souvent exposées à la pauvreté et à des restrictions de consommation que les autres (21 % contre 10 %), elles le sont encore davantage lorsqu'elles perçoivent un minima social (64 %). « Leur état de santé est moins bon », ajoute la Drees. Ainsi, les bénéficiaires handicapés déclarent plus souvent que les autres avoir dû renoncer à une consultation chez le médecin (18 % contre 15 % pour les bénéficiaires non handicapés) et à des soins dentaires pour raisons financières. Les allocataires de l'AAH ou du minimum vieillesse semblent moins touchés puisque le montant de leur allocation (903 euros pour l'AAH en 2021) est supérieur aux autres minima sociaux (par exemple 565 euros pour le RSA pour une personne seule), même si l'AAH reste en deçà du seuil de pauvreté estimé à 1 063 euros en France.
Enfin, les bénéficiaires handicapés déclarent avoir des « relations sociales moins intenses » et « éprouver régulièrement un sentiment de solitude », dans des proportions un peu supérieures aux personnes handicapées non titulaires de minima, pourtant elles aussi déjà frappées par l'isolement (article en lien ci-dessous).