9,1 milliards d'euros, c'est le montant des aides sociales départementales versées aux personnes en situation de handicap en 2022 (hors frais de personnels du département), soit 7,1 % de plus qu'en 2021. Quelques semaines après l'enquête de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNDCH) qui révèle que 31 % des moins de 35 ans estiment que les personnes handicapées coûtent « trop cher à la société » (Lire : Handicap, charge pour la société : CNCDH, rapport alarmant), la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) publie, le 22 décembre 2023, sa nouvelle étude sur les dépenses d'aide sociale.
Hausse des bénéficiaires de la PCH
608 000 personnes handicapées ont donc perçu une aide sociale des départements en 2022, soit 2,6 % de plus que l'an passé. Elles représentent 22 % des 41,5 milliards d'euros consacrés à l'ensemble des aides sociales départementales. Leur hausse s'explique notamment par l'augmentation du nombre de bénéficiaires de la Prestation de compensation du handicap. Au total, 383 000 Français la perçoivent, soit 4,2 % de plus qu'en 2021. Cette aide, qui peut être humaine, technique, spécifique ou exceptionnelle, connaît une hausse fulgurante depuis sa mise en place en 2006, en remplacement de l'Allocation compensatrice pour tierce personne. Le poids de cette prestation pourrait alourdir davantage les dépenses avec l'élargissement aux personnes avec un handicap psychique depuis le 1er janvier 2023 (Lire : PCH handicap psychique : en vigueur le 1er janvier 2023).
L'Aide sociale à l'hébergement (ASH) ou l'accueil de jour (en établissement ou chez des particuliers) connaît une hausse bien moins franche avec 157 000 allocations versées en 2022, contre 154 000 en 2021 et 138 000, dix ans plus tôt, en 2014.
Plus de jeunes à l'ASE
Autre donnée majeure : le nombre de jeunes accueillis au sein de l'aide sociale à l'enfance, dont 25 % seraient en situation de handicap, majoritairement psychique (Lire : ASE : une nouvelle loi pour mieux protéger les enfants?), augmente légèrement en 2022 (+ 1,7 %). Fin 2022, 381 000 mesures d'ASE sont en cours, dont 55 % de mesures d'accueil en dehors de leur milieu de vie habituel et 45 % d'actions éducatives exercées auprès du jeune ou de sa famille. Le nombre total de mesures croît de 0,9 % en un an, « un rythme moins élevé que celui observé au cours des dernières années, hormis l'année 2020 », souligne la Drees. En revanche, le nombre d'actions éducatives décroît légèrement (-0,2 %). Pour rappel, l'aide éducative à domicile propose à certaines familles de mettre en place des mesures pour améliorer les relations parents/enfants.
Action (médico)sociale : hausse du personnel... vraiment ?
L'étude pointe également l'évolution du personnel départemental de l'action sociale et médicosociale, qui augmente à nouveau très légèrement (+0,6 %) pour atteindre 121 300 personnes en fin d'année. Les effectifs de personnels administratifs et techniques (38 600) croissent de 1,5 % et ceux des personnels socioéducatifs (32 600) de 2,1 %. Le nombre d'assistants familiaux poursuit sa baisse (-1,7 %) : 34 900 fin 2022 contre 35 500 un an plus tôt.
Le hic : ces chiffres ne prennent pas en compte les salariés des établissements et services sociaux et médicosociaux, notamment ; secteur qui traverse une crise de recrutement sans précédent, majorée depuis la pandémie de Covid-19 (Lire : Handicap : une "crise majeure" du médico-social).