Dans les structures privées accueillant des personnes handicapées, mais aussi des publics précaires ou des mineurs en difficulté, "la colère monte" et les salariés "ont le sentiment d'être humiliés et discriminés", a expliqué Alain Raoul, président de Nexem, une organisation qui regroupe des employeurs associatifs du secteur médico-social. Il s'est exprimé le 8 février 2021 lors d'une conférence de presse en présence des principales fédérations du secteur privé non lucratif. En conséquence, certains "cherchent à aller ailleurs, dans des structures où les salaires ont été revalorisés".
183 euros mais pas pour tous
Les accords dits du "Ségur de la Santé", conclus à l'été 2020, prévoient une augmentation de 183 euros net mensuels pour l'ensemble des personnels des hôpitaux et des maisons de retraite (publics et privés non lucratifs). Mais les établissements sociaux et médico-sociaux autres que les Ehpad ont été laissés de côté (articles en lien ci-dessous). Des négociations sont en cours avec le gouvernement pour combler ce manque. Elles sont sur le point d'aboutir en ce qui concerne le secteur public, mais un accord semble encore loin pour le privé à but non lucratif, qui pèse pourtant 75% du secteur, a déploré Marie-Sophie Desaulle, présidente de la Fehap, une autre organisation professionnelle. "Nous voulons une revalorisation pour tout le monde et dans le même calendrier que le secteur public", a-t-elle martelé.
Une situation très préoccupante
En attendant, la situation est très préoccupante dans certaines structures. « A Paris, dans un de nos établissements accueillant des personnes avec un handicap lourd, 30% des soignants sont partis", notamment à l'hôpital public où les salaires ont été augmentés, a déploré M. Raoul. Il faudrait 1,9 milliard d'euros par an pour élargir aux 600 000 salariés du secteur les avantages salariaux du "Ségur", mais cette somme "doit être relativisée, elle n'est pas si élevée quand on la compare au plan de relance, par exemple", a argué Jean-Christophe Combe, directeur général de la Croix-Rouge française.
En janvier, la Fédération Paralysie cérébrale, qui gère 128 établissements pour personnes handicapées, s'était déjà publiquement inquiétée de graves problèmes de recrutement, en soulignant que le "Ségur" avait "exacerbé les difficultés". "Certaines offres d'emploi ne débouchent sur aucune candidature. C'est un défi du quotidien pour garantir un minimum de qualité dans nos accompagnements", avait expliqué cette fondation.