« J'ai agi en tant que citoyen. » Olivier Plattard n'a pas hésité une seconde avant de réanimer un homme victime d'un malaise cardiaque. Il est 22h30 le 26 mai 2023, à Lyon, lorsque le quadragénaire en fauteuil roulant aperçoit un jeune homme à terre. Il traverse la rue pour lui porter secours. Face à l'indifférence des passants, Olivier s'extrait de son fauteuil pour se mettre à la hauteur du jeune homme, prendre ses constantes et constater qu'il n'y a plus de pouls. « Personne ne m'a demandé si j'avais besoin d'aide », déplore-t-il. Il se lance dans un massage cardiaque frénétique d'une dizaine de minutes. « J'étais seul au monde dans la troisième ville de France à 22h30 et je trouve cela profondément choquant », explique ce dernier, formé aux premiers secours en 2004 alors qu'il était salarié de l'hôpital de Saint-Germain-en-Laye. Après cet effort intensif, Olivier Plattard admet présenter quelques séquelles, notamment au niveau des bras, fortement sollicités durant le massage. Le cœur du jeune homme de 24 ans est reparti mais, malheureusement, il est décédé.
Les Français sont très peu formés
En France, 50 000 Français meurent chaque année prématurément d'arrêt cardiaque. Des malaises qui, 7 fois sur 10, surviennent devant témoin, mais moins de 20 % d'entre eux pratiquent les gestes de premiers secours, d'après la Fédération française de cardiologie. En France, le taux de formation aux premiers secours est même l'un des plus bas d'Europe. Si Emmanuel Macron en avait fait l'un des objectifs de son premier quinquennat, tablant sur 80 % de citoyens formés, quid des formations dédiées aux personnes handicapées ?
Depuis 2017, un diplôme pour les personnes handicapées
Depuis l'arrêté publié au Journal Officiel du 11 mars 2017, elles peuvent elles aussi recevoir leur diplôme de secouriste et devenir formatrices, grâce à l'initiative de Gilles Ruiz, sapeur-pompier et conseiller municipal référent au handicap dans la commune d'Arles. L'élu a croisé ses deux domaines de prédilection pour faire changer la législation. « A partir du moment où la personne handicapée peut guider une personne valide à réaliser les gestes alors il n'y a aucune limite, sauf celui du handicap mental », explique ce professionnel du secourisme. Aidé de l'Union départementale des sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône, de l'Association des paralysés de France, de la Croix-Rouge française et des secouristes français de la Croix blanche, Gilles Ruiz parvient il y a six ans à faire bouger les lignes jusqu'au plus haut sommet de l'Etat. « Avant, il n'y avait rien de légal. On a juste fait modifier une phrase dans le texte. Pour obtenir le PSC1, il faut donc 'réaliser les gestes ou les faire réaliser' », précise Gilles Ruiz.
« Je sais, tu fais, nous sauvons »
C'est ce qu'on appelle le « handi-secourisme ». Sa devise ? « Je sais, tu fais, nous sauvons ». Un principe qui aurait certainement évité à Olivier Plattard de s'extraire de son fauteuil et de mettre sa propre santé en danger… « Certes, on ne peut peut-être pas se mettre à quatre pattes pour faire un massage cardiaque mais l'important c'est d'avoir le savoir et de pouvoir le délivrer à une tierce personne », explique Julien Vignon, secouriste et créateur du site Handilol. « Quel que soit votre handicap, vous pouvez aider à sauver des vies », évoque de son côté le livre « Premiers secours pour les personnes en situation de handicap », disponible à la vente. A noter qu'il existe aussi une version, toujours à la vente, disponible pour les personnes sourdes et malentendantes avec un DVD sous-titré et en langue des signes française, ainsi qu'un guide à grands caractères avec CD audio, un guide à voir et à toucher et avec CD audio pour les personnes malvoyantes et non-voyantes. Pour se former près de chez soi, rendez-vous sur le site secourisme.net, doté d'une carte qui référence l'ensemble des associations agréées et les organismes habilités à l'enseignement des premiers secours. Il suffit ensuite de les contacter pour savoir s'ils délivrent la formation adaptée aux personnes en situation de handicap. Un groupe Facebook, « Quand les handi se font secouristes », permet également de connaître les dernières actualités en la matière.