Question : Etes-vous en contact avec des profs d'EPS ?
Marie-Amélie Le Fur : Nous ne sommes pas directement en contact avec les professeurs d'EPS. On aimerait pouvoir dialoguer directement avec eux pour comprendre quelles sont leurs difficultés dans l'accueil de jeunes en situation de handicap. Mais, en réalité beaucoup de professeurs d'EPS font le constat qu'ils ne sont pas confrontés à de tels jeunes. Ceux-ci sont dispensés de sport. Il faut qu'on agisse sur les mentalités. C'est une évolution parentale, une éducation et une formation des médecins, aussi, qui ne doivent plus dispenser les jeunes en situation de handicap, quelle que soit la sévérité. On est convaincu que le sport, bien mené, est utile et nécessaire au bien-être physique, psychologique et social.
Q. : Vous-même, après votre accident (de scooter, à la suite duquel elle a été amputée de la jambe gauche sous le genou, pendant l'adolescence, ndlr), avez-vous continué le sport à l'école ?
M-A LF : J'ai continué parce que c'était une volonté, parce que le sport faisait partie de ma vie. On l'a fait en bonne intelligence, j'étais confrontée à des professeurs d'EPS qui ne connaissaient pas trop la situation de handicap et on a discuté. Je me souviens très bien que, quand j'ai passé le bac, il y avait des menus imposés et des pratiques sportives qui n'étaient pas optimisées pour moi. On a fait un menu à la carte, on a adapté les barèmes. Je pense qu'il y a une volonté des professeurs d'EPS de mettre en place cette pratique. Cela peut être une réussite.
Q. : Quels sont les objectifs de cette Semaine olympique et paralympique à l'école ?
M-A LF : On a besoin que ces jeunes comprennent que, sur le temps scolaire mais aussi dans la vie de tous les jours, ils peuvent pratiquer du sport. On fait en sorte qu'il y ait des temps de pratique qui soient mis à disposition de tous les enfants, handicapés ou non. Cette année, on a beaucoup travaillé sur les fiches pratiques de découverte des parasports. Le but, c'est que les établissements piochent dans cette boîte à outils. Psychologiquement, les personnes en situation de handicap se mettent beaucoup de limites et se disent : « Moi je ne peux pas faire du rugby parce que je suis en fauteuil ». « Si, il existe du rugby fauteuil ! »
Q. : Quels sont les "plus" de pratiquer le sport quand on a un handicap ?
M-A LF : Ceux qui pratiquent le sport ont une meilleure gestion de leur handicap, ils retrouvent une forme de motricité, de musculature. C'est une tonicité donnée au corps mais c'est aussi une tonicité mentale par le jeu sportif. Cela permet de forger un caractère, de leur faire prendre conscience de leurs propres limites et non pas celles que leur dicte la société. Le jeune en situation de handicap reprend sa vie en main, il y a une forme d'émancipation. On favorise aussi le développement social et sociétal. Un jeune qui a plus confiance en lui va rester plus longtemps dans le système scolaire et favoriser son employabilité.
Q. : La médiatisation croissante des Jeux paralympiques depuis 2012 déclenche-t-elle des inscriptions dans les clubs de parasport ?
M-A LF: On ne ressent pas un effet très fort des Jeux paralympiques car il y a une perception que les champions paralympiques sont trop éloignés de ce qu'est le quotidien de la personne en situation de handicap. Tout ce travail de l'héroïsation autour des sportifs paralympiques a créé une forme de fracture. Nous avons beaucoup de personnes en situation de handicap qui n'arrivent pas à se reconnaître dans nos sportifs paralympiques, on essaie d'y travailler et de valoriser des parcours de sportifs qui ne sont pas que nos sportifs de haut niveau.
Handisport à l'école : que des bénéfices, selon MA Le Fur!
A l'occasion de la semaine olympique et paralympique à l'école du 24 au 29 janvier, Marie-Amélie Le Fur, athlète handisport et présidente du Comité paralympique français, rappelle les bénéfices du sport chez les jeunes en situation de handicap.
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