Après la prothèse tout en lego imaginée et construite par Christina Stevens, une ergothérapeute de 33 ans (lire article ci-dessous), c'est un jeune ingénieur colombien qui s'est inspiré des fameuses petites briques emboîtables pour créer un tout nouveau membre artificiel. Mais, contrairement à la réalisation de l'Américaine, celle de Carlos Arturo Torres résulte d'une collaboration directe avec l'entreprise danoise Lego et ne sert pas qu'à décorer. En effet, la base de la prothèse, destinée aux 3-12 ans amputés d'un membre supérieur, est équipée d'une batterie, d'un microprocesseur et de capteurs myoélectriques qui détectent le mouvement du muscle puis le transfèrent jusqu'à la main.
Des mains à toutes les briques
Carlos a développé « Iko » en 2013, durant un stage de six mois au « Lego's future lab ». Une fois le prototype terminé, la société lui paie un voyage jusqu'à sa terre natale où il expérimente la prothèse dans un centre de réhabilitation, le Cirec. A Bogota, il rencontre Dario, âgé de huit ans, porteur d'une maladie congénitale et vivant sans bras droit (voir vidéo ci-dessous). « Un jour, alors qu'il dessinait un robot à dix bras, il parlait de ses différentes caractéristiques et montra un œil bionique, raconte-t-il à Wired. Il disait que le robot l'avait conçu lui-même parce qu'il était le seul à savoir ce dont il avait exactement besoin. Et là, ça a fait "boom" dans ma tête. » Avec « Iko », personne ne décide pour les enfants qui fabriquent leur main à l'aide de Lego. Et lorsqu'on les laisse seuls avec leur imagination, cela donne un florilège de constructions étonnantes : main-pelleteuse, main-vaisseau spatial, main-gyrophare… Une façon d'allier praticité, efficacité et ludisme.
Un enfant valide : « Moi aussi j'en veux une ! »
A Bogota, Carlos a identifié une autre conséquence liée au port de la prothèse par Dario : l'évolution du regard sur le handicap. Il explique que, lors de ses premiers jours au centre, les camarades de l'enfant se sentaient mal pour lui. Mais après la mise en place de la prothèse, l'un d'entre eux a dit à l'ingénieur : « Moi aussi j'en veux une ! ». Carlos poursuit son travail sur « Iko ». Pour décembre 2015, il espère réaliser entre 10 et 15 prothèses dont il pourra ensuite faire don à des enfants colombiens. En parallèle, il mène un projet de prothèse low-cost imprimée en 3D pour une petite fille du Cirec légèrement plus handicapée. En attendant, elle doit déjà imaginer toutes les mains qu'elle pourrait construire et porter.