Par Aglaé Watrin
Le virtual fauteuil
Avec le "Virtual fauteuil" mis au point par EDF - à l'origine pour faciliter les déplacements dans les centrales nucléaires -, les architectes peuvent mieux prendre conscience des difficultés d'accès auxquelles sont confrontées les personnes à mobilité réduite, et donc mieux les résoudre en amont, selon ses concepteurs. Le musée national du Moyen-Âge de Cluny, à Paris, doit grâce à cette technologie devenir "100% accessible" aux visiteurs handicapés moteurs, d'ici sa réouverture en 2021 (article complet en lien ci-dessous). Monté sur une plateforme et équipé de rouleaux sur lesquels reposent les roues du fauteuil pour percevoir la résistance, l'outil permet de ressentir les contraintes de différents terrains où évolue le fauteuil, et une partie de l'effort à fournir face aux obstacles. "Lorsqu'il y a des ressauts je les ressens, le simulateur bouge", explique l'ingénieur Alain Schmid, qui "circule" virtuellement dans les salles du musée projetées sur un écran face à lui. Le musée a été numérisé grâce à des relevés photographiques et télémétriques qui ont mis en lumière "28 ruptures de niveaux". Car, même s'ils respectent les normes, nombre de bâtiments restent de facto peu accessibles, observe le conservateur général du musée, Michel Huynh, évoquant des musées où "vous êtes obligé de rentrer dans un parking ou de passer par des sous-sols". Il faut "offrir la même accessibilité physique et intellectuelle à tous". La simulation intégrera prochainement les oeuvres du musée pour travailler sur leur visibilité depuis un fauteuil.
I wheel share, robot conversationel
DERNIERE MINUTE DU 15 FEVRIER 2022
I wheel share est en liquidation judiciaire, apprend-on en février 2022. L'aventure s'arrête pour cette jeune startuppeuse.
ARTICLE INITIAL DU 5 JUIN 2019
Au-delà des lieux culturels, le chatbot (robot conversationnel) Wilson, lancé en 2018 par la start-up "I wheel share", accompagne les personnes handicapées lors de leurs déplacements en ville et pour certains services comme une banque avec assistance vocale, des toilettes aménagées ou même les sex-shop accessibles en fauteuil. L'assistant numérique envoie des réponses automatisées via la messagerie instantanée Messenger (Facebook). Il s'appuie sur une base de données référençant quelque 200 000 lieux et services. Les résultats sont adaptés en fonction du handicap de l'utilisateur et de sa géolocalisation. "Nous sommes des chasseurs-cueilleurs des données d'accessibilité", explique la fondatrice de la start-up, Audrey Sovignet, qui a eu l'idée de cet outil en constatant les difficultés quotidiennes de son frère. 2 000 personnes conversent chaque semaine avec Wilson, selon Mme Sovignet. Mais "le chatbot c'est juste un moyen de rendre visible des informations", précise l'entrepreneuse, pour qui le défi principal reste l'ouverture et la centralisation des bases de données sur l'accessibilité des institutions, collectivités, entreprises et commerces pour réaliser "l'accessibilité numérique".
Jaccede, le trip advisor de l'accessibilité
L'accès à des informations utiles est également au coeur de la plateforme "Jaccede", le "trip advisor de l'accessibilité". Alimenté par un réseau de contributeurs qui détaillent l'accessibilité des lieux (photos et commentaires à l'appui), le site revendique entre 15 000 et 20 000 visites mensuelles. L'idée est d'éviter la "charge mentale pesante au quotidien", qui consiste à devoir "chercher sur Google Images et Street View des photos pour avoir une idée de la configuration du lieu" ou bien de devoir contacter l'établissement par téléphone pour être sûr de pouvoir y accéder, explique le président de l'association, Rémy Birambeau. La carte numérique Jaccede intègre quelque 250 critères pour trouver des lieux et loisirs adaptés "comme un restaurant avec un accès de plain-pied, disposant d'un menu en braille". "Ce n'est pas suffisant ni efficace de résumer une personne à un type de handicap comme on le fait avec les pictogrammes", soutient M. Birambeau, qui souligne le rôle essentiel des contributeurs pour sensibiliser. "C'est très pragmatique. On n'attend pas que chaque établissement soit aux normes pour donner des informations", appuie Didier Couval-Grima, un contributeur qui a déjà recensé plus de 4 200 lieux.