#8mars, c'est la journée de la femme. Une journée sur 365 jours pour se pencher sur des droits de celles qui composent pour moitié l'humanité ? Dans cette « minorité », certaines vivent avec un handicap, un facteur discriminant de plus. « On a beau être en 2019, être une femme est compliqué. En situation de handicap, c'est pire. », explique l'une d'entre elle, 35 ans, atteinte d'une déficience physique. Alors, en ce jour « unique », les associations montent au créneau…
Des chiffres éloquents
« Stop aux stéréotypes, aux inégalités et aux violences ! », scande APF France handicap dans son plaidoyer (en lien ci-dessous). Il a été réalisé à partir de textes fondamentaux (notamment la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées) et d'une enquête à laquelle plus de 3 100 femmes ont répondu. L'association dénonce les obstacles spécifiques qu'elles rencontrent au quotidien et regrette que les combats menés en faveur des personnes handicapées ne tiennent pas compte de la « dimension de genre ». « Les populations en situation de handicap semblent victimes d'un phénomène d'asexualisation, explique l'association dans un communiqué. Pourtant, en croisant les approches genre et handicap, force est de constater qu'être femme et être en situation de handicap implique (…) des difficultés spécifiques ». Des chiffres éloquents : 92 % des répondantes estiment que leurs problématiques ne sont pas bien prises en compte dans les politiques du handicap alors que, pour 83 % d'entre elles, le fait d'être une femme en situation de handicap rend leur vie quotidienne plus difficile. Près de 40 % ont déjà été ou sont actuellement victimes de discrimination(s).
Discrimination dans l'emploi
De son côté, LADAPT fait un focus sur l'emploi et dit vouloir « en finir avec cette double peine » qui « freine leur accès, leur maintien et leur évolution de carrière ». Au total, 57 % des femmes reconnues handicapées n'ont pas d'activité professionnelle : ni en emploi ni en recherche. Et lorsqu'elles arrivent à en trouver un, il est souvent peu qualifié. LADAPT en avait fait la thématique centrale de la 22è édition de la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées (SEEPH) en novembre 2018 (article en lien ci-dessous), mais a décidé de poursuivre les actions de sensibilisation afin de les « rendre visibles » via sa campagne inédite #TOUSCITOYENNES. Depuis plus d'un an, elle travaille en collaboration avec l'association Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir (FDFA) et plusieurs actions concrètes ont ainsi pu voir le jour.
Des femmes inspirantes
Toutes deux interpellent le gouvernement et les décideurs politiques sur la création systématique de données genrées, ont mis en place trois des comités de réflexion (organisés de septembre 2018 à janvier 2019), qui ont donné lieu à un document de sensibilisation à destination des employeurs, des salariés et des institutions. Elles ont par ailleurs lancé un site collaboratif et un manifeste qui a recueilli près de 20 000 signatures à ce jour. Pour illustrer cet engagement, des vidéos permettent de découvrir des carrières inspirantes, notamment celle de Lucie Jarrige, doctorante en chimie, championne du monde d'handi-escalade, qui fut l'ambassadrice de la dernière SEEPH. Ou encore Hayette Djennane, jeune femme de 25 ans, atteinte de myopathie, triple championne de France de parachutisme. « Toutes deux ont surmonté les obstacles et les préjugés pour réaliser leurs ambitions professionnelles et personnelles », explique LADAPT. Pour mettre en lumière des parcours exemplaires, portée par Handiréseau, avait lieu le 5 mars 2019 la 5e édition des Trophées Femmes en EA (entreprises adaptées) en présence de Brigitte Macron : sur les 51 candidates 9 ont été récompensées (article en lien ci-dessous).
Violence exacerbée ?
La violence envers les femmes est au cœur des débats et elle n'épargne pas celles en situation de handicap. Voire la renforce ? Quatre femmes en situation de handicap sur cinq seraient victimes de violences physiques, psychiques, sexuelles mais aussi économiques. C'est le constat amer que fait depuis des années FDFA ; dans ce contexte, elle a mis en place un numéro vert d'écoute pour répondre à leur détresse (01 40 47 06 06) qui, selon sa présidente, Brigitte Bricout, « n'a jamais été aussi sollicité ». Une table-ronde était consacrée à ce thème le 6 décembre 2018, au sein du Sénat. Le colloque « Femmes avant tout », organisé à l'Assemblée le 14 mars 2019 par l'Association francophone de femmes autistes (AFFA), proposera, lui aussi, un focus sur les violences dont elles sont victimes. « Parce qu'elles sont vulnérables et moins en capacité d'identifier les comportements violents et de s'en défendre, les femmes autistes subissent encore plus fortement les violences tout au long de leur vie », explique AFFA. Selon elle, 90% ont été victimes d'une agression sexuelle.
© Kzenon/Fotolia