Une version de l'examen du code de la route traduite en langue des signes française (LSF) va être déployée à partir de cet été, ce qui permettra aux personnes sourdes ou malentendantes d'accéder plus facilement au permis de conduire, a annoncé la Sécurité routière le 3 juin 2025. Cette réforme permettra « la garantie de l'égalité des chances pour tous les candidats », a assuré la déléguée interministérielle à la sécurité routière, Florence Guillaume, lors d'une conférence de presse à l'Institut national de jeunes sourds (INJS) de Paris. Chaque année, environ 4 000 candidats sont atteints de surdité ou de troubles sévères de l'audition, estime le ministère de l'Intérieur.
Des difficultés persistantes face au français écrit
Environ 80 % des personnes sourdes sont en « grande difficulté face au français écrit », a rappelé Karine Fouet, professeur spécialisée à l'INJS, lors de la conférence de presse. Anne-Marie Gallot, conseillère santé de la déléguée interministérielle, a précisé à l'AFP que la lecture « s'apprend par l'écoute ». L'épreuve prend donc des allures de parcours du combattant pour ces personnes, qui ne parviennent pas, pour la plupart, à lire les questions et les réponses dans un temps très limité.
Une interprétation en LSF en direct
Pour passer leur « code », examen théorique de 40 questions, les personnes présentant une déficience auditive devaient jusqu'ici demander la présence d'un interprète en LSF assermenté par la cour d'appel, une procédure longue et complexe. Désormais, celles qui en font la demande pourront avoir accès, dans les bureaux d'éducation routière (BER), à des diapositives dans lesquelles une vidéo d'un interprète en traduira directement la question et les options de réponses.
Un gain de temps et d'argent pour les candidats
« Ce qui va changer, c'est qu'il y aura peut-être plus de disponibilité au sein des BER parce qu'il n'y aura plus la présence du traducteur. Donc, ça va en même temps également réduire le coût du permis pour les candidats », a assuré Céline Jallet, membre du pôle en charge de la gestion des examens du permis de conduire.
Le permis, levier d'insertion et d'autonomie
« Le permis de conduire est un levier d'insertion sociale, professionnelle, de mobilité, particulièrement crucial pour les jeunes sourds, souvent confrontés à des difficultés d'accès au logement, à la formation, à l'emploi », a salué de son côté Paul Flad, directeur de l'INJS.
Six à sept millions de personnes sont considérées comme déficientes auditives en France mais cela regroupe des situations très diverses : sourds profonds (80 000 à 100 000 personnes) qui privilégieront la langue des signes, sourds d'une oreille ou personnes âgées, qui, au contraire, ne la maîtrisent souvent pas.
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