L'accès à la lecture reste difficile pour les aveugles et malvoyants, 210 ans après la naissance en 1809 de Louis Braille, célébrée le 4 janvier, rappelle la Fédération des aveugles de France. Elle regrette "le silence assourdissant des pouvoirs publics pour soutenir la création d'un véritable service d'accès à la lecture" pour les aveugles.
8 % des livres édités
Les bibliothèques spécialisées en braille se comptent sur les doigts des deux mains. La plus riche d'entre elle, celle de l'Association Valentin Haüy, ne dispose que de 20 000 livres en braille papier et de 3 500 livres en braille numérique, "à comparer par exemple avec les 700 000 ouvrages de la Médiathèque de Montpellier", remarque Vincent Michel, président de la Fédération. Selon lui, seulement 8% des livres édités chaque année sont accessibles aux aveugles. Si les romans sont plus accessibles, les ouvrages de sciences humaines, droit, sciences ou économie en braille ou audio sont rares.
Vers un service public ?
La Fédération milite auprès du ministère de la Culture pour créer un service public d'accès qui permette d'acquérir les livres dans le format souhaité (braille papier, braille numérique ou audio) au prix du marché. Ce service permettrait aux bibliothèques, notamment universitaires, d'étoffer leur fond pour les malvoyants. "On ne peut se satisfaire de quelques dizaines de livres en braille dans les bibliothèques publiques", souligne-t-il. Le coût de ce service public pour les malvoyants serait d'environ 2 millions d'euros par an, a estimé la Fédération.
Numérique, solution d'avenir
A terme, "le numérique est évidemment la solution d'avenir" compte tenu du poids des versions papier, souligne M. Michel, qui lit actuellement un ouvrage historique d'André Castelot en... 55 volumes en braille. "L'idéal serait de déboucher sur une véritable tablette braille", dit-il. Le lecteur numérique en braille existe, mais il permet, à l'aide d'un clavier tactile, de lire ligne à ligne, ce qui rend la lecture très fastidieuse. Des recherches sont en cours pour mettre au point une liseuse avec une plage de lecture plus large (6 à 8 lignes). En amont, il faut évidemment adapter le texte écrit au braille.
Le braille moins bien enseigné
Un autre défi consiste à améliorer l'enseignement du braille. "Paradoxalement, le braille est moins bien enseigné", note M. Michel, qui voit là un effet pervers de la scolarisation des enfants aveugles en milieu scolaire ordinaire. Or, la question de l'écrit et de l'éducation est "essentielle", alors que "50% des aveugles sont au chômage", un chiffre lié selon lui aux "moindres performances éducatives".
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