Les enfants défavorisés deux fois plus sujets aux « affections psychiatriques »* et autres troubles, notamment mentaux et du comportement ? C'est ce que révèle une étude orchestrée par l'Assurance maladie et publiée le 9 janvier 2024 dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France. Pour obtenir ces résultats, les chercheurs ont analysé les actes médicaux réalisés en 2018 sur tous les jeunes français âgés de 0 à 17 ans, soit 13,2 millions. Ils se sont appuyés sur deux marqueurs pour établir le degré de précarité : la couverture maladie universelle complémentaire (CMUc) et l'indice non individuel de défaveur sociale (FDep), qui permet de « caractériser l'environnement socio-économique de la globalité des individus vivant dans une commune ».
Parmi les 10 ALD les plus fréquentes
Parmi les dix affections de longue durée (ALD) les plus fréquentes chez les enfants modestes, six sont incluses dans le chapitre des « troubles mentaux et du comportement », selon l'étude : troubles envahissants du développement, troubles spécifiques du développement du langage ainsi que des acquisitions scolaires, retard mental, troubles émotionnels, troubles spécifiques mixtes du développement. Si cette étude et de « nombreuses autres » affirment que la précarité et le cadre de vie ont un impact sur la santé physique et mentale des enfants, pour Philippe Tuppin, épidémiologiste et principal auteur de l'étude, il s'agit également d'un « problème d'encadrement d'environnement familial, de prise en charge, avec une attention différée », explique-t-il dans les colonnes de France Info. Et d'ajouter : « Dans des périodes très sensibles pour l'enfant », à un âge où il se développe, ces troubles et maladies sont « relativement lourdes ».
La nécessité d'un diagnostic précoce
Pour limiter leur impact à l'âge adulte, les scientifiques rappellent la nécessité d'un diagnostic et d'une prise en charge précoces. Par ailleurs, « la meilleure connaissance et l'adaptation ou enrichissement des bases médico-sociales serait une grande avancée pour la connaissance épidémiologique des pathologies des enfants, de leur prise en charge dans les centres médico-sociaux et autres », ajoutent-ils. Enfin, ils exhortent à entreprendre des « actions d'évaluation de certaines stratégies mises en place sur les 1 000 premiers jours » de vie de l'enfant.
* Dans son étude, notamment en bas de la page 4, l'Académie nationale de médecine emploie le terme « d'affection psychiatrique », inapproprié pour certains de ces troubles : troubles envahissants du développement, troubles mixtes du comportement et des émotions, retard mental non spécifié et troubles spécifiques du développement mixtes.