2012. Il fête sa victoire sur le podium de Paris Bercy. Nicolas Moineau vient de décrocher le titre de champion du monde de grimpe en salle. Pourtant, cette paroi de résine, il ne la voit pas… Ce grimpeur expert est aveugle.
En librairie le 6 mars
Nicolas raconte cette vie à tâtons dans A perte de vue (éditions Arthaud) en librairie le 6 mars 2024. Ce livre de 256 pages est co-écrit par Emmanuelle Dal'Secco, rédactrice en chef de Handicap.fr, qui a signé plusieurs biographies de personnalités en situation de handicap dont Faire bloc avec un autre grimpeur, Philippe Ribière, en 2020 ou encore Tout est possible avec Philippe Croizon en 2023 (articles en lien ci-dessous).
Une lente descente aux enfers
A perte de vue, c'est l'histoire d'un jeune homme atteint de rétinite pigmentaire, une maladie dégénérative de l'œil, qui apprend, à quatorze ans, qu'il va inéluctablement perdre la vue. « Une annonce inentendable pour un ado », selon Nicolas. S'ensuit une lente descente aux enfers, silencieuse et solitaire, jamais partagée, jamais dite… L'envie d'en finir, sans le courage de le faire. Il va alors puiser sa force dans les sports de plein air, la course à pied, le vélo, mais aussi la boxe… Le noir couvrant peu à peu son regard, il ne lui reste plus qu'une option : la grimpe, qu'il définit comme un « sport adapté à la cécité ».
Corps à corps avec la falaise
En 2023, après des mois de travail acharné, les doigts déchirés par des frottements plus incessants que d'autres, Nicolas vient à bout d'une falaise cotée « 8a », un exploit que reconnaissent tous les experts de la discipline. « Face à la falaise, ni contraintes ni limites, un corps-à-corps que rien n'empêche, pas même une vision troublée. Après ces années d'asphyxie, un filet d'oxygène irrigue enfin mon esprit », explique-t-il. La roche lui offre ce socle dont il a tant besoin, sa matière, son essence, sa terre et un espace où, contre toute attente, il est le plus autonome. Car, au fil des pages, il dénonce aussi le manque d'accessibilité et les difficultés à évoluer dans un environnement urbain souvent hostile.
« Non, un aveugle ne fait pas de miracle ! »
Il se livre également sur son métier, celui de kiné, souvent dévolu aux personnes déficientes visuelles, sur son rôle de papa et ses contraintes un peu particulières, sa relation de couple parfois impactée par la dépendance. Il évoque les clichés et fantasmes dont il est l'objet : « Non, les personnes aveugles n'ont pas de sixième sens ni de toucher magique, et je ne fais pas de miracle dans mon métier ! », prévient-il. Enfin, il rend un magnifique hommage à ses chiens guides, Dougie et Lima, une relation à la vie à la mort faite de joie, de malice et de tendresse.
Encourageant et magnétique !
Dans A perte de vue, prenant le contre-pied d'une majorité de livres de développement personnel, Nicolas Moineau ne propose ni héroïsation, ni leçon de courage, ni injonction au dépassement de soi. Son parcours singulier et sa force tranquille inspirent malgré lui. La vie d'un tout un chacun face à l'obstacle qui a choisi de river ses yeux clos vers les sommets. Un récit à la fois sombre et lumineux, encourageant et magnétique.
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Pour le commander, les yeux fermés !
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