Emmanuel Macron avait promis un statut similaire à celui de la First Lady américaine pour son épouse Brigitte. Mais l'Elysée se contentera finalement de publier "fin août, début septembre" 2017 une simple "communication" pour encadrer son "rôle public". La précision intervient alors que plus de 285 000 internautes ont déjà signé une pétition hostile à la reconnaissance de tout "statut particulier" pour l'épouse du chef de l'Etat, même si l'entourage de Brigitte Macron nie un lien quelconque. "On y travaille avec les juristes depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée", fait-on valoir de même source.
Une forme d'hypocrisie
Au cours de la campagne, le leader d'En Marche! avait appelé à "clarifier" le "statut de la Première dame ou du Premier homme" pour en finir avec "une forme d'hypocrisie" et des "pratiques d'entre-deux, de dissimulation". "Rémunéré par la République, non" mais "un rôle, un vrai statut, une vraie capacité à faire, oui", avait-il enchaîné. "Il n'a jamais été question de modifier la Constitution, de faire une loi, mais d'être transparent, ce qui n'avait pas été le cas avec les anciennes Premières dames", soutient désormais l'entourage de Brigitte Macron.
200 lettres par jour
Le document mentionnera ainsi pour la première fois "le nombre de collaborateurs" de l'Elysée attachés à son service, mis à part ceux liés à sa sécurité pour ne pas la compromettre. En l'espèce, trois recrutements ont été effectués : un directeur et un chef de cabinet, Pierre-Olivier Costa et Tristan Bromet, venus tous deux de la Mairie de Paris, ainsi qu'une assistante. La "communication" ne précisera toutefois pas le coût de ce dispositif. Pour faire apparaître "une ligne budgétaire, il faudrait qu'elle ait un statut, or elle n'est pas élue", relève-t-on encore à l'Elysée. Sur le fond, Brigitte Macron entend "prendre le temps" de construire son rôle "en fonction des sollicitations des Français" qui s'expriment notamment au travers d'un courrier abondant de plus de 200 lettres quotidiennes.
Des actions en faveur du handicap ?
Ancienne enseignante, elle pourrait embrasser "plusieurs causes" qui restent à préciser, mais avec pour "fil conducteur" l'éducation et l'"intégration des différences dans la société", et notamment les personnes handicapées, selon un proche collaborateur. Dans l'immédiat, l'épouse du chef de l'Etat agit dans la discrétion. Elle s'est rendue au chevet d'enfants hospitalisés à l'institut Gustave Roussy de lutte contre le cancer, à Villeurbanne en juin pour visiter une start-up qui fabrique des vêtements destinés aux personnes handicapées (article en lien ci-dessous)... Elle était également présente aux côtés de son époux lors du lancement de la concertation autour du 4ème plan autisme à l'Elysée le 6 juillet, recevant 13 jeunes âgés de 7 à 21 ans atteints de ce trouble neuro-développemental dans leurs quartiers privés (article en lien ci-dessous).
Les premières dames et le handicap ?
Effacées ou médiatisées, investies dans des oeuvres caritatives ou engagées politiquement, les épouses de président de la Ve République ont toutes eu des activités publiques. Revue en détails de celles qui ont oeuvré en faveur de personnes handicapées ou enfants en difficulté...
• Yvonne De Gaulle. La très discrète "Tante Yvonne", mère d'une fille trisomique, achète en 1945 un château dans les Yvelines pour y accueillir des jeunes filles et des femmes atteintes d'un handicap mental, qui deviendra la Fondation Anne De Gaulle.
• Claude Pompidou. Réservée et anti conformiste, férue d'art moderne, elle crée sa Fondation en 1970 pour aider personnes âgées, malades hospitalisés et enfants handicapés, grâce à des équipes de bénévoles.
• Anne-Aymone Giscard d'Estaing. Timide et discrète, elle n'est pas passionnée par la politique. Elle crée en 1977 la Fondation pour l'Enfance, qui oeuvre en faveur des enfants en difficulté, et la présidera pendant près de 35 ans.
• Bernadette Chirac. Elle lance à partir de 1990 l'opération "Pièces jaunes" afin de collecter des dons pour améliorer la qualité de vie des enfants et adolescents hospitalisés.
Par Hervé Asquin