Partons du principe que nous avons tous un petit grain de folie ! Il fut un temps où les fous du roi réjouissaient la cour. Aujourd'hui, les fous de la République descendent dans la rue pour une « Mad pride » ludique et déjantée. Le vocable anglais « pride », tiré de l'adjectif anglais « proud », signifie « fierté ». Oser dire « J'assume d'être fou » au moment même où les Etats-Unis ont aboli ce terme dans le droit américain, considéré comme trop péjoratif (lire article en lien ci-dessous). Un sacré pied de nez !
Le 14 juin à Paris
La Mad pride débarque en France le 14 juin 2014, à Paris. Ce concept est né au Canada dans les années 90. C'est en effet à Toronto qu'a eu lieu le premier grand rassemblement populaire de ce type baptisé « Psychiatric survivor pride day », en réponse aux préjugés de la communauté locale envers les populations des milieux psychiatriques. C'était il y a tout juste 20 ans. Puis elle s'est répandue dans de nombreuses grandes villes à travers la planète, de l'Angleterre à l'Australie en passant par l'Afrique du Sud, les Etats-Unis…
A l'instar de la Gay pride
C'est une grande marche collective pour le respect de la dignité des personnes souffrant de troubles psychiques. Elle fait écho à la Gay pride, qui prône la tolérance et l'égalité des personnes quelles que soient leurs orientations sexuelles. Et plus récemment à l'Autistic pride, action militante initiée par des personnes avec autisme. Ceux qui sont d'ordinaire confinés derrière les murs des « asiles » auront ainsi l'occasion de se regrouper pour une marche solidaire au cœur de la cité. On y célèbrera « la créativité, la force et la résilience de l'esprit humain ». Défilés, manifestations théâtrales, musique… Chars, fanfares, artistes, banderoles.
Un moment festif et coloré
A travers ce moment festif, coloré et spectaculaire, les militants souhaitent briser les préjugés et les craintes, dénoncer la stigmatisation. Non, tous les schizophrènes ne sont pas des tueurs en série. Non, la dépression n'est pas un manque de volonté ou une faiblesse de caractère. Non, le malade mental ou psychique n'est pas un irresponsable ou un incapable. Plus globalement, les personnes touchées par ces troubles entendent réclamer une meilleure protection de leurs droits et d'accès aux soins. Le grand public est invité à se joindre à la fête et, pourquoi pas, déguisé.
Un parcours symbolique
Le départ sera donné du centre hospitalier Saint-Anne (Paris 13) à 14h, en direction du parvis de l'Hôtel de Ville (arrivée prévue vers 17h). Ce parcours de quatre kilomètres symbolise la démarche d'accès à la vie autonome et de la pleine citoyenneté, en partant d'un hôpital psychiatrique, qui témoigne de l'enfermement de jadis, à l'hôtel de ville, symbole de la citoyenneté. Ce grand rassemblement se poursuivra jusqu'à 19h avec de nombreuses animations : échanges, forum des associations, happenings d'artistes…
Une charte de la dignité en santé mentale
A l'occasion de cette grande première française, un collectif de plusieurs associations, soutenu par la Mairie de Paris et le CH Sainte-Anne, proposent à tous les acteurs de la vie publique de venir signer une « Charte de la dignité en santé mentale » qui définit les conditions du respect de la dignité des personnes souffrant de troubles psychiques et des usagers en santé mentale et en psychiatrie.