Des parents accusés de "maltraiter" leur enfant jusqu'à provoquer un trouble mental ? Presque toujours des mères ! En ce mois d'août 2015, l'affaire "Rachel" a suscité la polémique dans le milieu du handicap. Le 10 août 2015, cette maman s'est vu retirer ses trois enfants, placés en foyer d'accueil, au motif qu'elle serait responsable de leurs troubles envahissants du développement (article en lien ci-dessous). L'un d'eux a pourtant été diagnostiqué autiste et il existe une forte suspicion d'autisme sur les deux autres. Ils seraient donc atteints de troubles neurologiques, sans lien avec leur éducation.
Le syndrome de Münchhausen par procuration
Scandale ! Plus de cent associations se mobilisent pour dénoncer ce type de "placement abusif" (article en lien ci-dessous). Et de s'insurger contre une étiquette qu'on se plait parfois à coller sur le front de parents d'enfants handicapés : syndrome de Münchhausen par procuration. Le SMPP est une forme grave de sévices qu'une personne inflige à autrui, en général un enfant, engendrant des problèmes de santé, avec pour objectif d'attirer l'attention sur elle. Le président d'Autistes & CO, sous le pseudo de Docteur maboul, affublé d'un nez rouge, signe une vidéo qui dénonce avec ironie la tentation d'user abusivement de ce syndrome. Certes il existe mais ne serait-il pas prétexte, en cas de handicap mental, à nourrir une certaine "confusion", légitimant des décisions parfois radicales ?
Sous le joug d'une enquête
Combien de parents d'enfants "différents" ont-ils été sous le joug d'une enquête, pour des motifs invraisemblables, diligentée trop souvent par des fonctionnaires qui n'ont aucune connaissance du handicap, se contentent de passer d'innombrables coups de fil dans l'entourage médical, scolaire, familial, ajoutant encore à la stigmatisation des familles. Depuis des décennies, combien de mères, notamment d'enfants autistes, sont passées par-là ? Trop "froides", trop "chaudes", mères nocives selon la psychanalyse toute puissante qui ne laisse aucune place à d'autres "sciences".
Lorsque la justice s'en mêle...
Des parents trompés et culpabilisés, voire marginalisés... Dans le champ de l'autisme, ils sont prompts à faire entendre leur voix mais, dans d'autres, l'engagement est souvent plus timide et le désarroi aussi grand. Quelle marge de manœuvre ont-ils lorsqu'ils manifestent leur désaccord sur une prise en charge, lorsqu'ils veulent faire tout simplement appliquer la loi et savent mieux que quiconque ce qui est bon pour leur enfant ? Pertes de droits, de tutelles, placements abusifs... D'après les associations de personnes autistes, 67% des parents d'enfants "menacés d'un enfermement injustifié" déclarent avoir subi des pressions dès lors qu'ils refusent de voir des traitements inadaptés appliqués à leurs enfants. Des "résistants" sans gloire ni laurier que l'on essaie parfois de canaliser en les signalant pour maltraitance psychologique. Lorsque le corps médical se sent dépassé, ébranlé, excédé, il confie leur sort à la justice.
Trop d'accusations mensongères ?
Depuis l'affaire Rachel, c'est l'effet boule de neige, les langues se délient, plus question d'endurer cela. Ils semblent plus nombreux à oser taper du poing sur la table pour que cessent ces discriminations, dans l'intérêt des familles et surtout des enfants. Aucune action concertée évidemment, chacun prêchant pour sa paroisse, mais tous motivés par un ras-le-bol et l'envie d'en découdre avec les accusations mensongères qui n'auraient pour objectif que de réduire les "grandes gueules" au silence. Hugo Horiot, acteur autiste, questionne : "ne serait-ce pas plutôt signalement pour refus d'obtempérer ?".
Pas seulement dans le champ de l'autisme
Céline Boussié prend également position sur ce sujet (interview en lien ci-dessous). Présidente de l'association Handi'Gnez-Vous!, elle mène plusieurs combats, de front, malgré les menaces, malgré les intimidations. Selon elle, "Des "Rachel", il y en a d'autres, moins médiatisées, moins épaulées". Elle cite le cas de M. qui, en juin 2015, s'est vu retirer la garde de son fils T. au profit de son père qui l'a aussitôt placé en institution. Aucun tort n'a pourtant pu "officiellement" lui être reproché ; le Comité des droits de l'enfant de l'ONU qui a été saisi sur ce dossier (article en lien ci-dessous) le cite implicitement dans le point 9 de son rapport. Cette maman ne serait-elle pas seulement un peu trop "virulente" ? "Dès qu'un parent s'oppose à une décision, on lui cherche des poux, s'indigne Céline. Et des dossiers de placements abusifs, il y en a avec tous les handicaps et pas seulement l'autisme. Il y a plus de parents broyés par le système que de parents maltraitants". Face à des situations parfois tragiques, sa "petite" association et ses partenaires regrettent, malgré plusieurs tentatives de rapprochement, que les associations gestionnaires rechignent à se saisir de ce sujet pour prêter main-forte aux familles.
Une saisine auprès du Défenseur des droits
Jean-Luc Duval arrive à son tour en renfort le 17 août 2015 en déposant une saisine auprès du Défenseur des droits. Père de deux enfants autistes, président du Collectif Citoyen Handicap, il déplore "un acharnement des services de la ASE (Aide sociale à l'enfance) notamment contre les parents d'enfants en situation de handicap qui subissent de façon répétitive de nombreuses enquêtes de ses services, trop souvent basées sur un signalement, qui ne sont en réalité que des tentatives d'intimidation de la part d'autres administrations telles que les MDPH, Inspection académique, CMP". Il est de ces lanceurs d'alerte qui ont décidé, quoi qu'il en coûte, de se faire entendre. Sa saisine a été enregistrée sous le "matricule" 15-W-003815. Jugée recevable !