"Stop à l'inclusion sauvage" ou "Pour une vraie égalité des chances", pouvait-on lire sur les pancartes et banderoles des manifestants, qui répondaient à un appel à la grève des syndicats (CGT, CFDT, CFTC, APA-INJ, FO, SNJSJA-Unsa et Sud) des quatre Instituts nationaux des jeunes sourds (INJS) et de l'Institut national des jeunes aveugles (INJA).
Un accompagnement au rabais ?
Alors que la secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, prévoit l'intégration d'un plus grand nombre d'élèves handicapés de ces instituts en "milieu ordinaire" pour développer "l'école inclusive" (article en lien ci-dessous), les manifestants craignent un "accompagnement au rabais" mais aussi la disparition de leurs structures. "Je pratique l'inclusion depuis plus de 30 ans", défend Youssef Alami, enseignant de mathématiques en INJS. "L'Education nationale n'a pas les moyens d'accueillir tous ces élèves", appuie Hélène Sester, secrétaire générale Unsa Education, qui dénonce "un démantèlement des instituts qui ne dit pas son nom".
Transfert de tutelles
Le gouvernement prévoit de transférer la tutelle des Instituts aux Agences régionales de santé (ARS) et il a annoncé récemment des mesures pour renforcer la formation des AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap de l'Education nationale). Mais, pour Hélène Sester, les élèves sourds et aveugles ont besoin d'un accompagnement allant au-delà des compétences des AESH. "Mon fils malvoyant ne veut pas retourner en milieu ordinaire car à l'institut il dispose d'un logiciel de dactylographie adapté", rapporte Jocelyne Dubois, présidente de l'Association des parents et amis des Instituts nationaux. "Pour le moment on ne met pas encore assez de moyens dans l'Education nationale", affirme-t-elle.
Les manifestants, qui ont défilé entre les ministères de la Santé et de l'Education, demandent un moratoire sur la réforme en cours dans l'attente d'une "vraie concertation" avec le gouvernement. Les instituts prennent en charge plus de mille élèves représentant 9,2% des enfants sourds et 3,6% des jeunes aveugles.