Dernière minute du 8 décembre 2020
Appelle à la grève le 8 décembre 2020, après celle du 2 novembre, contre le projet de réorganisation de l'Institut national de jeunes sourds de Paris (INJS) qui, selon lui, « met à mal la qualité de l'accompagnement et de la scolarisation des jeunes sourds ». En 2017, les personnels s'étaient déjà mobilisés suite à l'annonce d'une baisse importante de la subvention de l'État. Depuis, le nombre d'agents n'a cessé de diminuer (baisse de l'effectif de 10 équivalents temps plein en quelques années) alors que le nombre d'élèves suivis augmente. La mise en place du nouveau projet d'établissement, qui doit s'appliquer le 1er janvier 2021, va s'accompagner d'une véritable restructuration des services et faire encore baisser les moyens d'accompagnement des jeunes sourds. Le service éducatif est particulièrement touché avec la suppression de deux postes de conseiller technique de service social (CTSS). Il ne resterait qu'un seul chef de service pour gérer les 240 élèves et familles ainsi que 50 professionnels. Au service pédagogique également, une baisse du nombre de postes est constatée, alors que certains jeunes n'ont pas d'accompagnement suffisant. INJS déplore un « malaise très grand » chez les professionnels : « De nombreux agents sont en difficulté, voire en souffrance, certains sont en arrêt de travail ».
Article initial du 14 juin 2019
"Stop à l'inclusion sauvage" ou "Pour une vraie égalité des chances", pouvait-on lire sur les pancartes et banderoles des manifestants, qui répondaient à un appel à la grève des syndicats (CGT, CFDT, CFTC, APA-INJ, FO, SNJSJA-Unsa et Sud) des quatre Instituts nationaux des jeunes sourds (INJS) et de l'Institut national des jeunes aveugles (INJA).
Un accompagnement au rabais ?
Alors que la secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, prévoit l'intégration d'un plus grand nombre d'élèves handicapés de ces instituts en "milieu ordinaire" pour développer "l'école inclusive" (article en lien ci-dessous), les manifestants craignent un "accompagnement au rabais" mais aussi la disparition de leurs structures. "Je pratique l'inclusion depuis plus de 30 ans", défend Youssef Alami, enseignant de mathématiques en INJS. "L'Education nationale n'a pas les moyens d'accueillir tous ces élèves", appuie Hélène Sester, secrétaire générale Unsa Education, qui dénonce "un démantèlement des instituts qui ne dit pas son nom".
Transfert de tutelles
Le gouvernement prévoit de transférer la tutelle des Instituts aux Agences régionales de santé (ARS) et il a annoncé récemment des mesures pour renforcer la formation des AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap de l'Education nationale). Mais, pour Hélène Sester, les élèves sourds et aveugles ont besoin d'un accompagnement allant au-delà des compétences des AESH. "Mon fils malvoyant ne veut pas retourner en milieu ordinaire car à l'institut il dispose d'un logiciel de dactylographie adapté", rapporte Jocelyne Dubois, présidente de l'Association des parents et amis des Instituts nationaux. "Pour le moment on ne met pas encore assez de moyens dans l'Education nationale", affirme-t-elle.
Les manifestants, qui ont défilé entre les ministères de la Santé et de l'Education, demandent un moratoire sur la réforme en cours dans l'attente d'une "vraie concertation" avec le gouvernement. Les instituts prennent en charge plus de mille élèves représentant 9,2% des enfants sourds et 3,6% des jeunes aveugles.