Plusieurs centaines de travailleurs sociaux ont manifesté le 14 février 2018 à Paris pour défendre leurs conditions de travail et exprimer leurs inquiétudes sur l'avenir de leur métier, à l'appel de plusieurs fédérations syndicales.
Non à la dictature du fric
Des salariés des secteurs public et privé se sont rassemblés devant le siège de l'organisation patronale Nexem, principal syndicat d'employeurs du secteur privé non lucratif (associations), avant de défiler entre le XIVe arrondissement et la mairie de Paris, à l'appel notamment de la CGT, la Fédération Autonome, la FSU, Sud, Solidaires ou encore l'Unef. "Et tout le monde se bat pour le social", scandaient les manifestants, marchant derrière des banderoles disant "non à la dictature du fric" et "la santé et l'action sociale ne sont pas une marchandise". Une pancarte transformait le sigle de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) en "attentat social à l'enfance".
Plusieurs menaces
Venus des secteurs de la protection de l'enfance, du handicap, des personnes âgées ou de l'insertion, les travailleurs sociaux avaient répondu à l'appel à faire grève et manifester pour "des causes multiples", selon Nicolas Guez (Sud Santé-Sociaux). Il citait des "menaces sur les conventions collectives", la réforme des formations engagée par le précédent gouvernement, et un "modèle économique" qui accroît la concurrence entre les structures associatives et les poussent à rechercher des financements dans le secteur privé lucratif. "Le travail social va être transformé de manière radicale", a-t-il affirmé en s'inquiétant également du projet de "pacte de croissance" que prépare Christophe Itier, Haut-commissaire à l'économie sociale et solidaire. Le "changement d'échelle" prôné par le gouvernement fait que les petites structures sont condamnées à faire "un travail au rabais, ou à disparaître", redoute-t-il. "Itier, le social c'est notre métier", pouvait-on lire sur une pancarte.
Des conditions de travail dégradées
Jérôme et Christelle, éducateurs en protection de l'enfance, étaient venus du Maine-et-Loire, inquiets des procédure d'appels à projets adoptées par de plus en plus de départements, qui mettent en concurrence les associations et avantagent les plus grosses structures. Devant le siège de Nexem, François Caspary (CGT) dénonçait une "stagnation des salaires depuis 17 ans" et "des conditions de travail dégradées", illustrés par des taux importants d'arrêts-maladie et accidents du travail. Lucie Gallerne, 19 ans, et Baptiste Profizi, 28 ans, étudiants dans les Yvelines pour devenir éducateurs spécialisés, craignent qu'une "logique de rentabilité" ne vienne contrarier leur "mission d'accompagnement" des personnes fragiles.