« Accéder, c'est exister », « Liberté, égalité, accessibilité »… Les slogans ornaient ballons et pancartes. Dix ans jour pour jour après la promulgation de la loi de 2005 sur le handicap, 200 manifestants, dont de nombreuses personnes handicapées, ont protesté le 11 février 2015 devant l'Assemblée nationale, à Paris, contre les nouveaux délais et l'allègement des normes d'accessibilité. Membres d'une quarantaine d'associations réunies au sein du « Collectif pour une France accessible », ils se sont rassemblés sur une place Édouard-Herriot (7e arrondissement) pleine à craquer. Des manifestations avaient lieu en parallèle dans une trentaine de villes de province.
Une ordonnance qui fait débat
Sur l'estrade, les intervenants se sont succédé, traduits en langue des signes, pour dénoncer les retards de mise en accessibilité des lieux publics, commerces, restaurants et moyens de transport, et interpeller les élus et l'opinion publique. La loi de 2005 prévoyait une échéance de 10 ans pour réaliser les aménagements nécessaires. Une ordonnance (n° 2014-1090 du 26 septembre 2014), qui doit encore être ratifiée, octroie de nouveaux délais, de 3, 6 ou 9 ans selon les lieux. Cette ordonnance tire les conséquences du fait que l'échéance du 1er janvier 2015, fixée dix ans plus tôt, ne pouvait pas être tenue du fait du retard accumulé depuis 2005.
Marre d'attendre depuis 40 ans
« Nous avions bien compris qu'on ne pourrait pas faire autrement, vu les retards, mais nous protestons aussi contre l'allègement des normes, sous prétexte de simplification », affirme Patrice Legrand, président de l'Association Valentin Haüy, au service des aveugles et des malvoyants. Pour Mireille Luque, en fauteuil et venue de Rouen pour l'occasion, « les délais pourraient être rallongés de 3 ans, mais pas plus ». « Typiquement, avant d'arriver, j'ai déjeuné au restaurant sur la route, il n'y avait pas de toilettes accessibles. Ca suffit, nous en avons marre d'attendre depuis 40 ans », explique Mme Luque. « On nous dit toujours d'attendre, on a l'impression qu'on se fout de nous », dénonce Pascal Bureau, de l'Association des paralysés de France (APF).
RV avec le vice-président de l'Assemblée
Peu avant, une vingtaine de membres du Conseil d'administration de l'APF, la plupart en fauteuil roulant, s'étaient installés devant le ministère de l'Écologie, du développement durable et de l'energie, responsable, selon eux, des blocages actuels en matière d'accessibilité. « Nous avons demandé à être reçus à plusieurs reprises, en vain », a dénoncé à l'AFP Pascale Ribes, vice-présidente de l'APF. Ils ont quitté les lieux pour rejoindre la manifestation du collectif, après avoir obtenu la promesse d'être reçus par Christophe Sirugue, député PS vice-président de l'Assemblée nationale depuis 2012, rapporteur d'un précédent texte sur l'accessibilité.