240 millions € pour le médico-social : zéro sans solution ?

Plan Marshall pour faire face à la pénurie de place en établissements ? En réponse, François Hollande annonce 240 millions d'euros pour le fonctionnement du secteur médico-social et sa rénovation. Impératif selon le rapport " Zéro sans solution "

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240 millions d'euros supplémentaires pour le secteur médico-social. A l'heure où les associations réclament des avancées concrètes, c'est l'annonce faite par François Hollande le 19 mai 2016 à l'occasion de la 4ème Conférence nationale du handicap qui se tenait à l'Elysée. Cette stratégie pluriannuelle permettra de lier les créations de réponses nouvelles et la transformation des modalités actuelles de prise en charge. Elle doit démarrer dès 2017.

Confirmer le virage inclusif

180 millions d'euros de cette enveloppe seront consacrés, sur 5 ans (2017-2021), à l'accompagnement des personnes et 60 millions sur 3 ans à un plan d'aide à l'investissement incluant les ESAT (Etablissement et service d'aide par le travail) « car la qualité de vie des personnes passe aussi par la qualité de l'environnement d'accueil », explique Ségolène Neuville (secrétaire d'Etat en charge du handicap) qui s'exprimait au lendemain de la CNH lors du Congrès annuel de l'Unapei. Le gouvernement entend, par cet engagement financier, que les personnes en situation de handicap sans solution ou insuffisamment aidées puissent bénéficier de réponses adaptées à leurs attentes et à leurs besoins.

Priorité au  le polyhandicap

Avec un objectif clair : un volet de cette stratégie pluriannuelle devra être consacré au polyhandicap, « qui conduit aujourd'hui à des situations parmi les plus complexes et les plus dramatiques pour les familles » selon la ministre. Ce plan d'amélioration en faveur du polyhandicap, réclamé depuis 10 ans par les associations concernées (article en lien ci-dessous) doit être précisé rapidement et s'attachera à la fois à la formation des équipes de soins et d'accompagnement, au renforcement des moyens des équipes médico-sociales, à de nouvelles réponses dès le plus jeune âge mais aussi au soutien des proches, qui ressentent inévitablement de l'épuisement. Une attention toute particulière devrait être accordée à la question des adultes en situation de polyhandicap.

8 millions pour les MDPH qui s'engagent

Cet engagement s'inscrit dans la mission confiée à Marie-Sophie Desaulle au lendemain de la conférence du handicap de décembre 2014 qui vise la mise en œuvre du rapport « Zéro sans solution », c'est-à-dire une réponse systématiquement adaptée et respectueuse des besoins spécifiques et des attentes de chaque personne handicapée. Depuis 18 mois, selon Marie-Sophie Desaulle, présente lors de la CNH, « plein de chantiers ont abouti ou sont en cours ». Certains départements pionniers se sont engagés dans la première phase de déploiement, au point, selon elle, « qu'on ne pensait pas qu'on aurait autant de candidatures ». Les MDPH qui s'investissent dans la démarche d'une « réponse accompagnée » sont ici en première ligne, et bénéficieront donc d'un soutien exceptionnel de 8 millions d'euros sur trois ans pour mieux assurer leur mission.

15 millions pour harmoniser l'information

En outre, un budget de 15 millions d'euros sera également apporté aux départements pour la mise en place du nouveau système d'information harmonisé des MDPH qui permettra, enfin, de disposer d'une meilleure connaissance des besoins, d'améliorer le suivi des orientations et le parcours des personnes. Couplé au système d'information développé par les ARS (Agences régionales de santé) concernant l'offre médico-sociale, l'Etat se dote, avec les Départements et les MDPH, d'une capacité d'observation et d'analyse des besoins et donc d'une meilleure programmation des réponses.  Enfin, en matière de soins, la CNH 2016 a été l'occasion d'annoncer un quatrième plan autisme en préparation au second semestre 2016, après évaluation du 3e plan (2013-2017).

47 000 personnes encore sans solution

Selon l'Unapei (association de personnes handicapées mentales), aujourd'hui près de 47 000 personnes restent encore sans solution en France : environ 13 000 enfants orientés vers des Services d'éducation spécialisée et de soins à domicile (Sessad) ou des Instituts médico-éducatifs (IME), 7 000 adultes en attente d'une place en hébergement médicalisé et 14 000 d'une place en foyer, près de 14 000 en attente d'un travail au sein d'un ESAT ou d'une entreprise adaptée. Cette association forte de 55 000 familles, déclarait, quelques jours avant la CNH, « Force est de constater que nous sommes encore loin du compte. Il est regrettable que la dynamique positive impulsée par le Président de la République ne s'accompagne pas des moyens nécessaires au profond changement de société dont elle fait la promotion. » A-t-elle été entendue ? François Hollande lui répond : « L'enjeu, c'est la transformation de l'offre médico-sociale, pour aider les personnes handicapées à vivre comme les autres et avec les autres, et proposer les formules les plus adaptées aux besoins de chacun ».

Un « plan Marshall » pour faire face à la pénurie

Jean-Louis Garcia, président de l'Apajh (association tous handicaps) accueille quant à lui, « positivement les différentes annonces. Les projets (…) sont autant d'axes qui semblent aller dans le bon sens. Néanmoins, c'est aux mesures adoptées et aux évolutions que l'on pourra juger ». De son côté, Marie-Sophie Desaulle appelle à une mobilisation collective, en se « mettant autour de la table avec les personnes concernées. Il ne s'agit pas seulement de mettre en place des dispositifs de plus mais de changer de méthode. L'ensemble du système doit évoluer vers un dynamique plus inclusive ». Et d'expliquer que si une personne handicapée est en mesure d'obtenir un logement, un travail, cette inclusion sociale « permettra de libérer plus de places dans les établissements pour ceux qui en ont vraiment besoin ». Cette option exige alors un accompagnement adapté qui permettra à ce « potentiel d'autonomie » d'être valorisé. Christel Prado, présidente de l'Unapei la rejoint sur ce point : « Ce ne sont pas les murs des institutions qui protègent mais la qualité de l'accompagnement ». Et de réclamer néanmoins un « plan Marshall » pour faire face à la pénurie. Ces 240 millions y suffiront-ils ?

© vege/Fotolia

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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