Mondiaux des personnes de petite taille: la compet méconnue!

C'était à Cologne du 28 juillet au 6 août 2023. Les Mondiaux des personnes de petite taille se sont déroulés dans le plus grand silence. Pourtant, ils sont une rampe de lancement des paralympiques, selon Alexi Dajean, n°1 de la délégation française.

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Handicap.fr : Quel est le bilan de la France aux Mondiaux des personnes de petite taille (disputés par des athlètes mesurant entre 80 cm et 1,40 m) qui se sont tenus en 2023 en Allemagne ?
Alexi Dajean
 : La France a ramené 86 médailles, dont 38 en or. Nous sommes très satisfaits de ces résultats, sachant que 29 pays étaient représentés, avec plus de 500 athlètes, toutes nationalités confondues, dont 37 français. Ils concouraient dans dix disciplines, du volley, au basket, en passant par l'athlétisme ou encore l'haltérophilie.  Plus largement, ce qui nous intéresse dans cette compétition n'est pas le « simple » décompte des médailles mais l'opportunité pour nos athlètes de vivre une expérience extraordinaire. Malgré le côté officiel, tout se déroule dans un état d'esprit très convivial. Cela permet, par exemple, de créer de nouvelles connexions avec d'autres associations internationales, pour monter des projets à plus grande échelle.

H.fr : Qu'est-ce qui a motivé la création de cet évènement ?
AD : Il a vu le jour aux Etats-Unis en 1993. Le tissu associatif y est riche, comme dans tous les pays anglo-saxons d'ailleurs. A la base, ce projet émane d'une volonté de fédérer les personnes de petite taille autour d'un évènement sportif. Jusqu'alors, elles n'étaient pas vraiment représentées dans les compétitions existantes. La création des Mondiaux a permis de poser un cadre pour ces athlètes au niveau mondial, de leur donner une légitimité en matière de performance et, aussi, probablement, de booster leur participation aux Jeux paralympiques car ils y sont encore peu présents.

H.fr : Pourquoi ce manque de représentativité aux Jeux paralympiques ?
AD 
: Peu de catégories leur sont réservées, à l'exception de l'athlétisme et du badminton. Les personnes de petite taille doivent donc concourir aux côtés d'autres catégories de handicaps, malgré leurs particularités. Par ailleurs, en France, la pratique du sport est recommandée seulement depuis peu de temps dans leur suivi médical. On le préconise désormais pour maintenir une bonne motricité, favoriser le développement musculaire ou éviter les problèmes de surpoids. Cette politique étant assez nouvelle, il n'y a pas eu beaucoup d'athlètes de haut niveau de petite taille dans les compétitions internationales jusqu'à maintenant. De mémoire, je dois pouvoir vous citer les noms de trois athlètes paralympiques français de petite taille depuis le début des années 2000. Ce n'est pas suffisant comparé à d'autres pays.

H.fr : Vous souhaitez l'inclusion dans des évènements sportifs « généralistes » de grande ampleur et pourtant vous cultivez l'entre-soi à travers ces Mondiaux. N'est-ce pas contradictoire ?
AD 
: A vrai dire, Paralympiques et Mondiaux se complètent ! Les premiers sont axés sur la performance. Quant aux seconds, il s'agit davantage d'un évènement communautaire qui permet aux participants de se rencontrer et de comparer leur niveau. Ils servent de pépinière pour certains athlètes. C'est le cas d'Ellie Simmonds ; cette nageuse britannique a fait ses premières classes aux Mondiaux avant de prendre la voie des paralympiques et de ramener quatre fois de l'or.

H.fr : Est-ce comparable aux Deaflympics, les « Jeux mondiaux silencieux », dédiés aux athlètes sourds ?  AD : Certes, nous avons atteint le nombre record de 500 athlètes pour cette huitième édition mais nos Mondiaux demeurent un petit évènement comparé aux Deaflympics (Lire : Deaflympics: pourquoi les sportifs sourds font bande à part?). C'est lié à la représentation de la personne de petite taille dans la société actuelle et notamment dans les médias. Aujourd'hui encore, on parle du nanisme à travers des sujets sensationnalistes ou de divertissement, à l'image des nains toreros qui ont fait polémique cet été dans le sud de la France (Lire : Interdit en Espagne, un spectacle de nains toreros en France). Je n'ai rien contre ces artistes ou les acteurs qui jouent dans des émissions populaires telles que Fort Boyard mais il faudrait simplement qu'ils apparaissent dans des rôles plus généralistes.

Par ailleurs, j'espère qu'il y aura un « effet Paris 2024 » sur la visibilité des personnes de petite taille mais également sur le soutien accordé lors des prochaines échéances sportives. En effet, les Mondiaux ont été financés par les athlètes eux-mêmes, sur leurs fonds personnels et avec l'aide de quelques sponsors. Ils n'ont pas bénéficié du soutien de fédérations, de gouvernements et de collectivités. La prochaine échéance aura lieu en Australie, dans quatre ans. C'est une donnée à prendre en compte ! Est-ce qu'on réussira à envoyer une grosse délégation aussi loin ? Financièrement, la question reste en suspens…

H.fr : Avez-vous repéré des pépites pour les Jeux de Paris 2024 ?
AD 
: Pour 2024, les sélections sont quasi déjà faites. Parlons plutôt des futures olympiades. Nous avons des jeunes qui ont bien performé à Cologne, en espérant leur avoir donné ce goût de la compétition. Je pense par exemple à Baptiste Guillas, un jeune joueur de tennis de table, qui s'entraîne désormais dans un objectif de performance et donc pour se présenter aux prochains Jeux paralympiques. Thomas Bouvet, lui aussi pongiste, figure dans le top des meilleurs joueurs mondiaux. Ça promet !

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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