Pourquoi la main droite de Léonard de Vinci fut-elle paralysée vers la fin de sa vie, freinant sa carrière d'artiste ? En pleine célébration du 500e anniversaire de la mort de ce génie de la Renaissance, une étude publiée, le 3 mai 2019, dans la revue médicale britannique, Journal of the Royal society of medecine, avance une nouvelle thèse. Le chirurgien Davide Lazzeri et le neurologue Carlo Rossi, qui exercent tous deux en Italie, attribuent à une lésion nerveuse (paralysie ulnaire ou cubitale) ce handicap, qui empêchait Léonard de Vinci d'utiliser sa main droite pour peindre ou tenir sa palette, même s'il a pu continuer à enseigner et à dessiner avec sa main gauche.
Portrait éloquent
Les deux médecins sont parvenus à cette conclusion grâce à l'étude d'un portrait de Léonard de Vinci, attribué à un artiste lombard du XVIe siècle, Giovanni Ambrogio Figino. Cette sanguine montre le savant de trois quarts. Son bras droit est enveloppé par son vêtement (comme s'il était en écharpe), dont sa main droite émerge, les doigts en partie contractés et dirigés vers le haut. Pour le professeur Lazzeri, cité dans un résumé de l'étude, "plutôt que de dépeindre un poing fermé, typique d'une spasticité musculaire consécutive à un accident vasculaire cérébral, ce portrait suggère un diagnostic alternatif tel qu'une paralysie cubitale, communément appelée main en griffe". Cette paralysie du nerf cubital serait la conséquence d'un évanouissement (ou syncope), qui aurait provoqué un traumatisme dans la partie supérieure de son bras droit, avance le médecin spécialisé dans la chirurgie réparatrice et esthétique.
De nombreuses thèses
Cette thèse diffère de l'explication la plus souvent avancée et qui attribue cette paralysie aux séquelles d'un accident vasculaire cérébral. D'autres évoquent aussi la maladie de Dupuytren, une affection qui provoque une contraction des doigts et une déformation de la main. Pour les deux médecins, si la mort de Léonard de Vinci pourrait bien avoir été provoquée par un incident cardiovasculaire, son handicap manuel ne s'est accompagné ni d'un déclin cognitif, ni d'autres troubles moteurs, ce qui affaiblit la thèse d'un AVC. Et selon le professeur Lazzeri, "cela pourrait donc expliquer pourquoi il a laissé de nombreux tableaux inachevés, dont la Joconde, durant les cinq dernières années de sa carrière, tout en continuant à enseigner et à dessiner". Une autre étude, réalisée par des chercheurs du Musée des offices de Florence, et publiée il y a un mois, a quant à elle confirmé que Léonard de Vinci avait été capable d'écrire, de dessiner et de peindre aussi bien de la main gauche que de la main droite, en se basant sur une analyse de son œuvre la plus ancienne.