Dernière minute du 20 mai 2021
L'association OETH (objectif emploi des travailleurs handicapés) et Unaforis (Union nationale des acteurs de formation et de recherche en intervention sociale) lancent une « recherche action » sur l'accessibilité des centres de formation (matériels, numériques, pédagogiques, aménagements, compensation des parcours et des examens). L'objectif ? Une « accessibilité totale, universelle » en faveur des personnes en situation de handicap.
Un plan d'action dès 2022
Concrètement il s'agit d'identifier les expériences et pratiques vertueuses et innovantes puis de réaliser, courant 2021, un état des lieux au travers d'un guide d'accessibilité qui sera déployé dans tous les centres de formation du réseau Unaforis et donnera lieu à un plan d'actions concrètes courant 2022. Leitmotiv ? « L'accès aux métiers du social adossés à des certifications est souvent compliqué pour les personnes en situation de handicap et, malgré les textes existants, la mise en application n'est pas toujours suivie par les EFTS (Etablissements de formation en travail social) », explique Diane Bossière, déléguée générale d'Unaforis.Cette initiative intervient dans la continuité de l'action menée par l'association OETH et Unaforis au travers du dispositif Oasis handicap qui a montré à plusieurs reprises à quel point la question de l'accueil dans les centres de formation de stagiaires en situation de handicap était « un sujet majeur et n'allait pas de soi », conclut l'association OETH.
Article initial du 24 septembre 2020
« En une fraction de seconde, je me suis retrouvé face au néant. Une mobilité limitée, une carrière et une estime de soi réduite en pièces. » En 2008, Fouad Bahtat est victime d'un accident de la voie publique qui provoque une hémiplégie gauche et un traumatisme crânien. Il doit subir en urgence une arthrodèse, une intervention chirurgicale qui consiste à fusionner deux vertèbres. Un handicap conséquent pour cet électromécanicien, qui doit revoir ses plans de carrière. Après une vaste période de « vide » et de remise en question, il découvre le dispositif Oasis (Orientation et accompagnement dans le secteur de l'intervention sociale) handicap. Objectif ? Permettre à des personnes éloignées de l'emploi d'accéder aux métiers de l'intervention sociale et médico-sociale, via des formations alliant théorie et pratique. « J'ai d'abord cru que c'était un canular, sourit le jeune homme. Le seul Oasis que je connaissais, c'était la boisson ! » Cette opportunité marque finalement le début d'une nouvelle vie, « un second souffle »...
Formation collective intense
A l'issue d'une formation « intense » de 420 heures -réparties sur douze semaines entre le centre de formation et une entreprise signataire de l'accord-, Fouad signe un contrat d'apprentissage de moniteur éducateur et se dit heureux de pouvoir accompagner des enfants parfois « en détresse ». Cette profession, selon lui, « utile » et « enrichissante », est la plus populaire au sein d'Oasis handicap, qui prépare également au diplôme d'éducateur spécialisé, de moniteur d'atelier ou encore de conseiller en économie sociale et familiale. Son principal atout ? Son aspect fédérateur. « Au départ, nous manquions tous de confiance en nous, avions peur de l'inconnu. Mais, très vite, une entraide et une osmose se sont créées entre les quinze participants », se souvient Fouad qui salue une « dynamique très positive ». Autre valeur ajoutée : un accompagnement personnalisé, notamment grâce à une référente handicap qui œuvre pour favoriser l'accessibilité du centre de formation et de l'entreprise. « Grâce à elle, j'ai obtenu un pupitre et un siège adaptés mais aussi un emploi du temps aménagé en fonction de ma fatigabilité », poursuit-il, se disant « comme un poisson dans l'eau ». « Avant ça, je n'aurais pas misé un copeck sur moi ». Aujourd'hui, il est diplômé et se dit « épanoui ».
Secteur pourvoyeur d'emplois
Six ans après la création de ce dispositif, à l'initiative de l'association OETH, chargée de mettre en œuvre l'accord relatif à l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés du secteur sanitaire, social et médico-social privé non lucratif*, « l'heure est au bilan », annonce son directeur général, Pierre-Marie Lasbleis, lors d'une conférence web le 21 septembre 2020. Un « accord qui fonctionne », souligne-t-il en aparté, faisant référence au taux d'emploi du secteur « qui, au total, a dépassé les 6 % et 5,6 % en emploi direct ».
« Oasis handicap propose au travers d'actions de remise à niveau, de remobilisation, d'approche métiers et de pré-qualification, de soutenir et valider les compétences nécessaires à l'entrée dans une formation qualifiante, en vue de l'obtention d'un titre ou d'un diplôme professionnel », explique Pierre-Marie Lasbleis. En parallèle, les employeurs bénéficient d'un accompagnement à l'intégration puis d'un suivi tout au long du contrat. Il est basé sur trois grandes étapes : la découverte des métiers, la validation du projet professionnel et, enfin, sa concrétisation. Son ambition : favoriser l'insertion des personnes handicapées à des métiers qualifiants et pourvoyeurs d'emploi. « A part le sanitaire et social, peu de secteurs se sont constamment révélés créateurs d'emploi au cours de ces vingt dernières années », observe Pierre-Marie Lasbleis.
« Dispositif de milieu de carrière »
Depuis son lancement, 600 stagiaires ont été accompagnés, dont 220 en 2019, « un chiffre révélateur d'une montée en puissance », estime Pierre-Marie Lasbleis. 90 % se disent satisfaits, selon une enquête menée par l'association OETH auprès de 122 participants entre 2018 et 2019. Les bénéficiaires ont, en moyenne, 41 ans, « ce qui confirme notre ambition de répondre à un besoin ou une envie de reconversion professionnelle », selon Mr Lasbleis. « Cela m'a permis de rebondir après de gros problèmes de santé qui m'avaient plongé dans la précarité et le doute sur mon avenir pro », témoigne Cyril, 38 ans. De son côté, Stéphanie, 37 ans, est ravie d'avoir pu « se dépasser » et « concrétiser des projets qui paraissent parfois impossibles ». Avant leur formation, 70 % d'entre eux étaient en recherche d'emploi. Six mois après, 71 % concrétisent leur projet professionnel dans le secteur social ou médico-social. Parmi eux, 13 % décrochent un CDD ou CDI et 62 % entrent en formation, dont 29 % en apprentissage, « la voie privilégiée pour monter rapidement en compétences », estime Pierre-Marie Lasbleis qui promet de « surfer sur le plan de relance du gouvernement » ayant pour ambition de, notamment, favoriser l'alternance des personnes handicapées (article en lien ci-dessous).
Implantation locale
Initié dans le Languedoc-Roussillon en 2014, Oasis handicap compte aujourd'hui, grâce à un partenariat avec l'Unaforis (Union nationale des acteurs de la formation et de recherche en intervention sociale), vingt sessions dans treize régions **. « Cinq nouvelles verront le jour à Evreux, Rennes, Perpignan, Avignon et Pau d'ici fin 2020 », annonce l'OETH. Une implantation locale « sur l'ensemble du territoire qui permet répondre aux besoins des employeurs et candidats motivés, mais aussi des partenaires tels que Pôle et Cap emploi », complète son directeur général.
En attendant, l'OETH et l'Unaforis ont signé un nouvel accord pour développer leur coopération, envisageant également d'élargir ce dispositif aux métiers du soin « pour répondre à des besoins de recrutement extrêmement importants » liés, notamment, à la crise sanitaire. Après Oasis handicap, bientôt OA santé ?
* Accord qui réunit les fédérations d'employeurs Croix-Rouge française, Fehap et Nexem et les organisations syndicales CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT et FO
** Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne, Bretagne, Centre-Val-de-Loire, Grand Est, Hauts-de-France, Ile-de-France, La Réunion, Normandie, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, PACA, Pays-de-Loire.