La perte d'autonomie, que l'on soit en situation de handicap ou âgé, n'est-ce pas le même combat ? Une question qui peine à s'imposer dans la campagne présidentielle. A trois mois de cette échéance, le 24 janvier 2017, l'Ocirp a donc souhaité focaliser son 9ème débat sur ce thème « Autonomie : quelles innovations, quelles propositions pour demain ? ». A cette occasion, il a, en premier lieu, dévoilé les résultats de son traditionnel baromètre qui, depuis 2007, interroge les Français sur les enjeux liés à la perte d'autonomie. En grande majorité (près de 80%), les sondés la considèrent comme un sujet important ou primordial, estiment qu'il faut se prémunir (mais avouent ne pas le faire !) et plébiscitent le maintien à domicile.
Les aidants prennent leur distance
Du coté des aidants, sujet qui concerne aussi les proches des personnes handicapées, seuls 47,4 % des Français estiment que les personnes en perte d'autonomie peuvent être aidées par leur famille au quotidien. C'est la première fois que le « non » devient majoritaire. « C'est un chiffre très fort, constate Serge Guérin, auteur en 2017 de La guerre des générations aura-t-elle lieu ? (Calmann Levy). Cela ne veut pas dire que les Français sont devenus égoïstes mais ils prennent conscience de la difficulté de s'occuper d'un proche parfois 20 heures par jour. Il y a encore 5 ans, le terme « aidant » était à peine connu ; aujourd'hui, il y a une vraie prise de conscience. Cela doit vraiment interpeller nos politiques. » Une majorité se dit donc favorable à un renforcement de l'aide aux aidants. Et ils sont 54% à penser qu'elle relève de la responsabilité des employeurs : ce peut être un aménagement des horaires, le maintien des droits sociaux, le renforcement de l'aide au répit et la création de congés rémunérés. Et pourquoi pas remplacer la présence humaine par des outils technologiques et objets connectés ? Les Français sont 78% à imaginer qu'ils pourraient en effet jouer un rôle utile.
Qu'en pensent les candidats ?
Une des deux tables rondes était consacrée à la place de la perte d'autonomie dans la campagne présidentielle de 2017, en présence de Michèle Delaunay, ancienne ministre. A cette occasion, Le Monde du 25 janvier consacre un dossier spécial à la dépendance dans lequel il passe au scan les propositions des principaux candidats. L'émission Ça vous regarde, sur la chaîne LCP-Assemblée nationale, est par ailleurs consacrée à ce sujet le 27 janvier, à 19h30 (et en replay ensuite). Le futur élu devra tenir compte du fait que 67,4% des Français sont favorables à la mise en place, entre 2017 et 2022, d'une réforme assurant un financement durable du risque de perte d'autonomie pour les personnes âgées. Plusieurs pistes ont été proposées et notamment une assurance complémentaire à la solidarité nationale, obligatoire et dès le premier salaire.
Des publics entendus ?
Focalisé sur le grand âge, ce débat n'en faisait moins écho à l'autonomie des personnes handicapées, avec de nombreux points convergents. Et le premier, c'est l'absence de prise en compte de ce public vulnérable dans le discours des candidats lors de cette campagne (article en lien ci-dessous)… Que l'on s'appelle Valls, Mélenchon, Le Pen, Fillon, Hamon ou Dupont-Aignan, tous s'accordent à déclarer qu'il faut faire « plus » mais sans mesures vraiment concrètes, voire réalistes, pour ces publics qui, pour certains, se trouvent dans une situation de grande dépendance. Rappelons que 1.2 millions de personnes âgées sont en perte d'autonomie en France, chiffre qui devrait doubler d'ici 2016, tandis qu'on estime à près de 12 millions le nombre de personnes handicapées. Leur voix, et celle de leurs proches, ne compteraient-elles pas ?