Longtemps reléguée au second plan, la santé mentale occupe aujourd'hui une place centrale dans le débat public, portée par son inscription au rang de Grande cause nationale en octobre 2024 (Santé mentale, grande cause 2025: sujet sous-estimé et tabou). Mais, concrètement, de quoi s'agit-il ?
La santé mentale, définie par l'OMS
Elle est l'une des trois composantes essentielles de la santé... « Pas de santé sans santé mentale ! », martèle l'Organisation mondiale de la santé. Depuis 2001, l'OMS la définit comme un « état de complet bien-être physique, mental et social » qui permet « à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d'être en mesure d'apporter une contribution à la communauté », poursuit cette agence spécialisée des Nations unies. Autrement dit, la santé mentale ne se résume pas à l'absence de troubles mentaux, elle englobe un équilibre émotionnel, psychologique et social, influencé par des facteurs biologiques, sociaux et environnementaux.
« Elle n'est pas un état figé »
Par conséquent, « la santé mentale n'est pas un état figé, elle est une recherche permanente d'un état d'équilibre psychique, propre à chaque personne, selon ses conditions de vie et les évènements qu'elle vit ou qu'elle a vécus », précise l'Observatoire Santé mentale, handicap et emploi, publié par l'Agefiph en avril 2024. Ainsi, elle recouvre trois dimensions : « la santé mentale positive dans sa dimension de promotion et prévention en population générale, les troubles mentaux courants et les troubles psychiatriques sévères pouvant déboucher sur des situations de handicap psychique », indique Santé publique France.
La détresse psychologique réactionnelle
Les états momentanés de souffrance psychique ou la détresse psychologique réactionnelle, « induite par des situations éprouvantes ou des difficultés existentielles », telles que le deuil, l'échec relationnel ou scolaire, la maladie, la perte d'emploi, les difficultés financières, ne sont pas « forcément révélatrices d'un trouble mental », affirme cette agence nationale de santé publique. « Les symptômes, relativement communs et le plus souvent anxieux ou dépressifs, apparaissent généralement dans un contexte d'accidents de la vie ou d'événements stressants et peuvent être transitoires », poursuit-elle, et constituent ainsi une « réaction adaptative normale ».
« Toutes les émotions négatives ne révèlent pas un trouble psychique »
Toutes les émotions négatives ou symptômes ne révèlent donc pas la présence d'un trouble psychique. Moments de stress, de tristesse, de dépréciation, de découragement... Ces fluctuations de l'humeur et du « moral » sont, elles aussi, « normales » et, dans la majorité des cas, ne nécessitent pas de soins spécialisés. « Toutefois, mal repérée ou mal accompagnée, la détresse psychologique peut faire basculer la personne dans une maladie ou multiplier les difficultés sociales », avertit Santé publique France. « Si elle est intense et perdure, elle peut constituer l'indicateur d'un trouble psychique », ajoute-t-elle.
Quelles différences entre les troubles psychiques fréquents et sévères ?
En outre, il convient de distinguer les troubles psychiques « fréquents », tels l'anxiété généralisée, le burn-out, les troubles obsessionnels compulsifs et les dépressions avec une intensité modérée à moyenne, qui peuvent être traités par un accompagnement médical et psychologique jusqu'à retrouver un état de santé mentale satisfaisant, des troubles psychiques sévères, souligne l'Observatoire Santé mentale, handicap et emploi. Ces derniers, qui regroupent notamment la schizophrénie, la bipolarité et la dépression sévère, se caractérisent par l'importance des symptômes, leur durée et la nécessité d'une prise en charge médicale sur le long terme et d'actions thérapeutiques ciblées.
En France, on estime qu'une personne sur cinq est touchée par un trouble psychique. Un rapport de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) de 2015 estimait qu'une sur deux sera concernée au cours de sa vie.
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